Culte ! Juste culte !

Tout le monde attendait la réédition de Ultimate Spider-Man, ou Ultimate X-Men, pour contrer les spéculateurs. De mon côté, je n’avais qu’une attente, depuis des années, la réédition en dur de la série X-Statix. Une série que je lisais en kiosque étant ado et qui m’avait laissé un souvenir inégalé. Avec sa nouvelle politique pour les Omnibus, j’espérais un peu plus encore cette potentielle sortie. Quel plaisir, quelle joie, quel bonheur tout simplement lorsqu’enfin l’annonce est tombée. Je précommande rarement, préférant me rendre en librairie, mais là, je n’ai pu faire autrement. J’étais tellement impatient et excité.

Loin des conflits avec Magnéto ou de la recherche de coexistence pacifique avec l’espèce humaine, les mutants de X-Statix ont des préoccupations bien plus mondaines. Filmés en permanence, ils s’intéressent à leur image publique, choisissent leur prochain chef d’équipe et vont même jusqu’à transformer leurs actions héroïques en produits dérivés. Enfin, si tant est qu’ils restent en vie à la fin de leurs missions…

Avec humour et cynisme, Peter Milligan (Human Target) et Mike Allred (iZombie) dressent un portrait au vitriol du star-system et des comics de super-héros, agrémentant leur récit de retournements de situation mémorables.

(Contient les épisodes X-Force (1991) #116 à 129, The Brotherhood (2001) #9, X-Statix (2002) #1 à 26, X-Men unlimited (1993) #41, Wolverine & Doop (2003) #1 et 2, X-Statix Presents : Dead Girl (2006) #1 à 5)

X-Statix est une série complètement à part et hors norme dans l’univers Marvel. Il faut se remettre dans le contexte. Au début des années 2000 X-Force est une série moyenne qui n’a que peu de lectorat. Alors que la licence X-Men tombe dans les mains de Grant Morrison et Joe Casey (pour l’une de ses plus belles périodes), les éditeurs font appel à Peter Milligan pour relancer X-Force. La seule consigne, ne rien avoir à faire des autres séries et de la continuité ! Aucune limite ! Il ne faut pas le dire deux fois à un artiste comme Peter Milligan.

Le scénariste va littéralement bousculer X-Force, en nous proposant de nouveaux personnages d’un rare cynisme et n’hésitant pas à tuer les membres de l’équipe à tour de bras. Exit les anciens membres et bonjour de nouveaux mutants pour former un groupe monté de toutes pièces, dans le seul et unique but d’être populaire et de faire du fric grâce aux produits dérivés.

Des personnages qui ne sauvent pas le veuve et l’orphelin par altruisme et de façon désintéressée, mais dans le seul but de faire de l’audience, obtenir des contrats, la gloire et la célébrité. Pire, ils vont jusqu’à monter de fausses missions contre de faux criminels pour vendre encore plus de figurines. C’est affreux, horrible, mais le pire c’est que l’on aime ça. C’est un contre pied total et absolu aux X-Men, des mutants que le monde déteste alors qu’ils ne cherchent qu’à le sauver, alors qu’ici, X-Statix, sont des mutants adulés qui se foutent de tout le monde, ne pensant qu’à eux !

Un cynisme incroyable et jouissif, qui va permettre à Peter Milligan d’aborder des sujets aussi controversés et compliqués que le racisme, la drogue, la course dévorante à la célébrité, le sexe, le harcèlement. Des thèmes difficiles à aborder, qui le sont donc de façon cynique, mais d’une incroyable justesse et surtout, surtout, d’une grande sensibilité.

X-Statix nous présente donc de nouveaux personnages, totalement inédits, sans que Peter Milligan ne prenne une seconde pour expliquer où sont les anciens membres de X-Force. Des personnages comme Zeitgeist, qui vomit de l’acide, U-Go Girl qui se téléporte grâce à la drogue, Sluk un homme avec une tête pleine de tentacule, Battering Ram, un homme bélier ou encore Plazm qui se transforme en liquide.

Dès la première mission du premier épisode, toute l’équipe, quasiment, meurt de façon atroce et sanglante. Le décor est planté, tous les. personnages sont sacrifiables, et le lecteur est prévenu ! On peut s’attendre à tout dans cette série. Et c’est tellement bon, de se dire qu’un personnage peut nous être présenté en première page d’un chapitre et mourir vingt pages plus loin.

Graphiquement, Mike Allred est juste époustouflant. C’est une claque graphique sans égal. Là aussi le changement est surprenant. On passe d’une série où les muscles prédominent, où le charisme et la sensualités font loi, à un style plus fin, plus pure, beaucoup plus détaillé, beaucoup plus coloré. C’est juste super beau, pas dans le sens esthétique, mais artistique. Les personnages sont reconnaissables et frappants dès les premières et nous marquent sur la durée. Il faut dire, que Peter Milligan ne lésine pas sur ses idées farfelus pour nous proposer des personnages hauts en couleurs et folkloriques, à qui Mike Allred donne formidablement vie.

Notons également, la présence sur plusieurs épisodes, du génialissime Darwyn Cooke ! Rien que graphiquement, cet Omnibus est un véritable bijou !

Bref, je ne rentre pas dans les détails, et cela est volontaire de ma part. X-Statix est une expérience unique dans l’univers mutant, une expérience qui se lit, qui se vit ! Peter Milligan et Mike Allred nous embarquent dans une aventure ubuesque, complètement folle, totalement cynique, d’une richesse hors du commun, avec des personnages cultes et hors norme. Véritable pamphlet de notre monde actuel et des dérives dans lesquelles nous sombrons, X-Statix est un petit bijou qu’il faut absolument lire au moins une fois. Pas une seule histoire n’aura pas fait mouche.