xxxHolic, tome 3
7.1
xxxHolic, tome 3

Manga de CLAMP (2005)

Mais si tu veux mon avis, elle sera comme la pierre dévalant la colline.

Ce tome est le troisième dans une série qui en compte 19, et qui forme une histoire complète; il vaut mieux avoir commencé par le premier tome. Il est publié dans le sens japonais de lecture (de droite à gauche), en noir & blanc. Il a été réalisé par le collectif Clamp : Nanase 'kawa, Mokona, Tsubaki Nekoi, et Satsuki Igarashi. Initialement ces 19 tomes ont fait l'objet d'une prépublication de 2003 à 2011, au Japon.


Ça commence par une partie de baseball sur la pelouse devant la boutique de Yûko, une vision de Fye D. Flowright et Kurogané, le passage d'une version du bâton de Sakura de notre dimension à celle de Tsubasa reservoir chonicle, et un piquenique entre Yûko, Watanuki, Dômeki et Himawari. Cette dernière demande l'aide de Yûko pour une copine dont le lycée est le siège de manifestations étranges lors de séances d'angelsan (une variante du oui-ja). Yûko décide que Watanuki et Dômeki doivent se rendre sur place. Elle guidera Watanuki par le biais d'écouteurs en forme d'oreilles de chat.


Deuxième affaire : une jeune femme passe devant la boutique de Yûko, le jour du grand nettoyage de printemps, où Watanuki a sorti tous les objets de la réserve pour les aérer et les mettre à sécher au soleil (coutume japonaise). Cette jeune femme repère un objet qu'elle demande à Yûko. Cette dernière accepte à condition qu'elle ne l'ouvre jamais (il s'agit d'un cylindre scellé et décoré). La jeune femme promet. Elle fréquente le même établissement scolaire que Watanuki, Dômeki et Himawari. Par un concours de circonstance, le cylindre vient à tomber et s'ouvre.


Épilogue : en rentrant, Watanuki s'installe à une échoppe ambulante, où il déguste un oden, servi par un renard anthropomorphe.


Dans le tome précédent, les Clamp mettaient en place plusieurs éléments du scénario, privilégiant l'intrigue aux réflexions sur l'existence. Avec ce tome, elles reprennent la structure du premier, avec 2 cas de phénomène surnaturel. Avec une certaine forme d'espièglerie et de rouerie, Yûko se tient à l'écart du premier cas, pour éviter que la personne ayant sollicité son intervention n'ait un prix à payer. Dans le second cas, elle n'intervient que pour fixer le prix de l'objet. Elle conserve donc son rôle détentrice de la connaissance commentant les événements pour en révéler le sens.


Outre les rôles attribués aux personnages, le mode narratif des Clamp reste toujours aussi particulier. Les dessins vont du plus exquis au plus esquissé. Comme en atteste la couverture, dès qu'il s'agit de représenter la sorcière Yûko, rien n'est trop beau. De la composition de ses toilettes, à ses accessoires de mode, tout est représenté avec délicatesse et élégance. Si la tenue du jour comporte des perles, elles seront toutes dessinées avec minutie, quel que soit leur nombre. Si elle porte des bas résille, il ne manquera pas un seul trait. Sa coiffure se sépare en fines mèches raides, qui bénéficient également d'un grand soin dans leur représentation. Il en va de même pour les bouclettes de la chevelure d'Himawari. Enfin ces dames et ces messieurs présentent tous une silhouette élancée et élégante, qui évoque parfois les corps longiligne des gags de Kiraz (par exemple Jamais le premier soir).


À l'opposé de cette approche fine et racée, le lecteur découvre également des silhouettes esquissées (le grand serpent noir du quartier), des visages aux expressions réduites à une convention de manga (dentition en dents de scie, bouche grande ouverte en forme d'ogive, croix sur le front pour figurer l'énervement, etc.). Les arrières plans des cases sont souvent vides, ou remplis de traits parallèles non signifiants. Il arrive même que certaines cases ne contiennent qu'un phylactère et rien d'autre. Le lecteur comprend bien qu'il s'agit d'un dispositif pour faire ressortir l'élément (visage, main, phrase) qui se retrouve ainsi isolé dans une case, mais il s'agit d'une solution graphique assez pauvre en information visuelle.


À condition de supporter ce grand écart graphique, le lecteur découvre alors 2 enquêtes à l'intrigue très mince. Pourtant le suspense est présent du début à la fin, mélangeant surnaturel et angoisse psychologique, avec un regard mi superficiel mi pénétrant sur des aspects de la condition humaine.


Malgré l'intrigue ténue et le manque de personnalité des clients, les Clamp installent un suspense psychologique, tenant à la fois de la nature de la résolution de l'intrigue (le prix à payer est parfois très élevé), et de la nature réelle de l'enjeu. Comme dans le premier tome, les explications de Yûko peuvent prendre la forme de sentences lapidaires. En fonction de sa sensibilité, le lecteur pourra y voir un aphorisme new-age creux et superficiel, ou bien un thème philosophique, psychanalytique ou spirituel pertinent et éclairant.


Le premier cas relatif aux manifestations surnaturelles dans l'établissement scolaire ressemble à un cas de manifestation d'esprit bidon et superficiel. Il faut attendre le dénouement pour entrevoir que le fond de l'histoire se situe ailleurs, entre l'impact des émotions négatives, et le fait que le comportement d'un individu a tendance à attirer l'attention de personnes avec des caractéristiques psychologiques de même nature. Yûko va même plus loin en indiquant à Watanuki que son comportement attire certains individus qui ont pour but conscient ou inconscient de profiter de sa richesse psychique. Ainsi les Clamp ne se limitent pas à sous-entendre que des pensées négatives provoquent le mal être (insinuant par la même les bénéfices de la pensée positive), elles évoquent également le moteur de certaines relations interpersonnelles (de nature parasitaire).


Le deuxième cas présente à la fois un point de vue plus littéral, et un deuxième degré de lecture. Cette jeune femme se sert de l'objet magique pour exaucer des vœux. D'un point de vue littéral, les conséquences de ses actes rappellent qu'il y a toujours un prix à payer (ou de manière plus positive, des efforts à fournir). Avec un peu de recul, au travers de cette histoire, les Clamp évoquent également la nécessité de l'autodiscipline. Cette jeune femme a succombé à la solution de facilité, préférant la solution magique à l'effort et au travail.


L'épilogue avec l'oden du renard fait écho au deuxième cas de ce tome où Yûko disait à Watanuki que les objets trouvent leur propriétaire. Là aussi la flèche brisée de Dômeki trouve son propriétaire. Seuls les tomes suivants permettront de déterminer s'il s'agit d'une croyance à base de spiritualité prête à penser, ou si les Clamp souhaitent développer une pensée plus construite.

Presence
7
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le 21 juin 2019

Critique lue 25 fois

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