100 Dinge
5.4
100 Dinge

Film de Florian David Fitz (2018)

La philosophie de la génération YouTube

C’est bizarre comme de nos jours on ne peut plus attaquer le consumérisme sans prendre le consommateur dans le sens du poil : on lui fait un joli film très appétant, sans misère qui ne soit futile, pas du tout culpabilisant & qui le fera au pire sourire avec un “c’est vrai que le monde dans lequel on vit est bizarre, quand même”. Le film lui-même n’est pas un spécimen d’art & d’essais révolutionnaire : il est conçu pour marcher au cinéma &, au fond, prend son sujet aussi peu au sérieux que ses personnages se prennent eux-mêmes au sérieux. Format YouTube, pouce bleu, y’a plus rien à voir.


On n’attend pas d’un film superficiel qu’il creuse son idée, forcément. Pourtant 100 Dinge prend des risques qu’on négligera aisément : derrière l’encombrant chassé-croisé potache des frères ennemis, il y a un parallèle réfléchi entre les générations d’après 1989 qui met davantage en abyme la société actuelle que la moquerie commerciale : trop performants dans le monde d’aujourd’hui, les Allemands ne sont qu’à trois décennies d’une époque où tout était différent & il est bon de voir que Wolfgang Becker n’est pas le seul à savoir le mettre en images. Même si le film n’a pas de courage & n’arrive pas à faire tenir la moindre fibre dramatique en place.


Florian David Fitz (je dis le nom entier car j’ignore comment séparer nom & prénom) adopte donc un traitement simple : passer le superficiel à la moulinette de ses propres absurdités. Le résultat est gentillet, dira-t-on, voire légèrement hypocrite, mais on doit lui accorder qu’il n’a pas franchement cherché à cibler son public : entre grain de philosophie (dans une société de consommation, est-ce que ce sont nos biens qui nous possèdent ?) & un humour qui tient à rester bon-enfant (des adolescents trentenaires, c’est relativement nouveau), l’œuvre semble destinée à chiffonner tout spectateur pour une raison ou une autre.


Allez, tranchons positivement, ne serait-ce que pour avoir osé parodier Zuckerberg (David Zuckerman, really?) dans la position du jeune magnat qui entraîne l’avenir du côté obscur de l’Atlantique.


Quantième Art

EowynCwper
5
Écrit par

Créée

le 4 mai 2020

Critique lue 231 fois

1 j'aime

Eowyn Cwper

Écrit par

Critique lue 231 fois

1

Du même critique

Ne coupez pas !
EowynCwper
10

Du pur génie, un cours de cinéma drôle et magnifique

Quand on m’a contacté pour me proposer de voir le film en avant-première, je suis parti avec de gros préjugés : je ne suis pas un grand fan du cinéma japonais, et encore moins de films d’horreur. En...

le 25 oct. 2018

8 j'aime

La Forêt sombre
EowynCwper
3

Critique de La Forêt sombre par Eowyn Cwper

(Pour un maximum d'éléments de contexte, voyez ma critique du premier tome.) Liu Cixin signe une ouverture qui a du mal à renouer avec son style, ce qui est le premier signe avant-coureur d'une...

le 16 juil. 2018

8 j'aime

1

Mélancolie ouvrière
EowynCwper
3

Le non-échec quand il est marqué du sceau de la télé

Si vous entendez dire qu'il y a Cluzet dans ce téléfilm, c'est vrai, mais attention, fiez-vous plutôt à l'affiche car son rôle n'est pas grand. L'œuvre est aussi modeste que son sujet ; Ledoyen porte...

le 25 août 2018

7 j'aime

3