C'est marrant car c'est un film à la fois totalement raté et en même temps réussi. Raté car pris tel il s'agit d'un objet un peu bête, vain, plutôt laid, qui échoue chaque tentative, mais ça lui donne malgré tout un côté sympathique. Et réussi grâce à la grande cohérence entre l'auteur et son œuvre. Et ce film qui pourrait n'être qu'un bête nanar prend ici un vrai intérêt.
Il y a donc un parallèle évident entre le cinéaste Boyle et le randonneur Franco. Une même façon d'explorer les choses, que ce soit le cinéma, ou un lieu géographique, un peu bourrin, grande gueule et prétentieux. Une même façon de voir et de retranscrire cette vision. Un monde MTV. Pour les deux une peur d'affronter la réalité des choses et des lieux (c'était largement le cas dans Slumdog) alors on les ré envisage, on les colore, on les cocaïnise.
Que ce soit conscient ou non, le film à un côté dépressif. Car les deux vont se faire piéger par ce qu'ils explorent, la nature pour Aron, le cinéma pour Boyle. Littéralement les deux sont coincés au fond d'un gouffre. Ils ne sont pas faits pour ça car tout deux ne vivent que dans le mouvement, la virtuosité. Ils ne peuvent pas rester statiques. Boyle a donc choisi un sujet qu'il ne pourra jamais magnifier comme il se doit. Car l'ennui, l'absence totale de mouvement, il ne sait pas faire, ce n'est pas pour lui. Les deux ont besoin bouger, de sortir. Et cette sortie sera mentale et idiote sous forme de flash back, de trips imaginaires. Le système de mise en scène mis en place par Boyle se retourne contre lui et il se noie dedans. Obligé de boire sa propre pisse pour survivre. Pas du tout inconscient pour Boyle ce geste.
Mais après tout je ne sais pas si ce film est vraiment dépressif, il est peut être tout simplement sadique et Boyle aime se faire souffrir. Car finalement il semble prendre du plaisir dans cette aventure. Pourquoi ferait-il faire un cunnilingus à une bouteille sinon. A un moment on parle de masturbation et c'est bien ça dont parle tout le film. Une longue masturbation. Le plaisir est lié à cette main droite bloquée. On retarde le plaisir, on se frustre, on tourne autour, et on éjacule au moment de la libérer. Après ça, les deux sont fatigués et ça se comprend.