127 Heures par Claire Magenta
Si on ne s’appuiera pas sur un avis critique qui englobe la filmographie de Danny Boyle, son évolution voire son intérêt, il n’en reste pas moins que sa dernière livraison 127 Hours donne matière à quelques divagations…
127 heures ou la durée du calvaire du dénommé Aron Ralston, ingénieur et alpiniste amateur, l’avant-bras droit coincé sous un rocher après une chute dans le Blue John Canyon dans le Parc national de Canyonlands en Utah. En résumé, six jours et cinq nuits avant de s’amputer avec un canif made in China le bras récalcitrant.
Au crédit du cinéaste anglais, soulignons et signalons la création d’un nouveau sous-genre (à ma connaissance), celui du survival statique… dont la nature même aura tendance cependant à être minimisé, la cause à de nombreux soubresauts épileptiques et autres effets visuels vains (à vous faire passer Tony Scott pour Luchino Visconti…). Si l’utilisation de caméras numériques en vue de plonger le spectateur au plus près de l’action et du drame semble à propos par soucis de réalité, la copie technique est loin d'être aussi idéale. La technique dite du split-screen, quant à elle, ne dépasse en effet jamais sa fonction de gadget, d’autant plus vrai que Boyle ne l’utilise pas à bon escient.
Concernant l’aparté survival, les hallucinations ne sont pas non plus l’aspect le plus réussi du long-métrage. Boyle propose un genre finalement boiteux, la partie documentaire se voit systématiquement mis à mal par les effets de caméra clipés du réal, et les souvenirs tripants ne sont ni émouvants, ni réellement judicieux, ces derniers n’apportant pas grand-chose. Un homme seul face à une telle adversité, en voilà un sujet propice à la contemplation, tel le Gerry de Gus Van Sant… mais ici très peu exploité, dans de trop rares occasions, un rayon de soleil dans le canyon, un corbeau qui passe, circulez y’a plus rien à voir.
Parmi les points positifs de cette adaptation du livre de Ralston, on notera la présence brève de Bill Withers pour la bande son, et celle de l’acteur ringard Trent Williams dans le rôle du père de notre amputé casse-cou. C’est peu mais il faut par moment se satisfaire de bribes face à ce genre d’objet biographique chantre de l'hémiplégie hallucinatoire… Quant à la performance de James Franco, si son interprétation ne souffre d’aucun défaut notable, la notion de louer le talent d'un imitateur laisse dubitatif le préposé, quand bien même dans le cas présent le vrai Aron Ralston n'est pas un personnage célèbre.