127 Heures par Mickaël Barbato
Faisons clair, net et concis.
127 Heures est un film doublement révélateur. Tout d'abord du style Boyle, qui tombe de plus en plus dans les méandres du clipesque foutraque, blindé d'effets inutiles à rendre fou de jalousie Fincher. "Oh le joli triple écran", "oh les accélérations bien dégueulasses", faudrait les enfermer tous les deux dans un bunker pendant 127 heures et voir à quel point ça se masturberait là-dedans. Bref. Qu'on se le dise, la passion du réal pour ce fait divers authentique est évidente : enfin une situation justifiant le déploiement de tout son mauvais goût, bien plus que dans ses immondices préalables où, le pauvre, pouvait encore compter sur des scénarios pas trop mal foutus (Sunshine, ça passe malgré tout). Enfin, ça c'est quand on s'attarde superficiellement sur la croûte que l'on est entrain de s'infliger.
Car l'appui du film, ce qui fait qu'il existe, ce n'est pas l'envie de nous faire vivre une expérience onirique. Malheureusement en tout cas, car Boyle sait très bien que pour marcher, il faut plus qu'un canevas dramatique somme toute plutôt bien géré vu la finesse de la matière à développer. Non, il faut une finalité qui marque, il faut le fameux... choc.
Malheureusement pour le film, il ne tient que sur ces cinq dernières minutes finalement assez inoffensives. Là est la deuxième révélation : le vide interstellaire du propos de Boyle. Le creux incroyable de cette heure et demie définitivement perdue. On en ressort, déjà échauffé par le visuel et la partition de Rahman (insupportable de convenance et beaucoup trop présente sur la fin) très vite rejoint par une drôle d'impression : l'inutilité. La même que celle qu'on ressent quand on s'échappe d'une salle projetant A Serbian Film.
Quelque part, résumer le calvaire de 127 heures vécues par un pauvre alpiniste à une heure et demie de souffrances cinématographique, il fallait le faire. Bien joué.