La justice pour les nuls.
Un délibéré de jury d’assises représente toujours un fantasme cheap : dès qu’on balance sur la table des grands mots comme le juge-citoyen, l’intime conviction, et le doute raisonnable, tout le monde croit qu’on touche à des sujets magiques. Alors que non.
« Douze hommes en colère » nous raconte comment un type d'une pureté morale absolue va imposer la voix de la raison ; facile, en même temps, puisque face à lui, on ne trouve que deux ou trois gros types dégoulinants et réac' jusqu'à la moelle, plus une brochette de personnages ternes. On est au-delà du classicisme : on est dans le scénario convenu. Jusqu’au dernier moment, j’ai attendu un petit retournement, quelque chose, une audace qui fasse sortir ce film du messianisme pur et dur de notre Henry Fonda tout de blanc vêtu.
Côté technique, même si les déplacements de caméra sont bien menés, il reste quelques défauts. Le film est adapté d’une pièce de théâtre et cela se ressent : pourquoi cette manie qu’ont tous les personnages de bondir de leur chaise et de faire les cents pas dès qu’ils doivent prononcer la moindre réplique ? C’est une technique de théâtre pour rythmer un huis clos, pour indiquer au spectateur où diriger son attention ; mais l’astuce perd de son intérêt lorsqu’au cinéma, la caméra cadre déjà en gros plan celui qui parle.
Ce film est une pièce de théâtre bien jouée, bien filmée, avec parfois de bons dialogues, mais rien de plus. Et quant à l’intrigue, la juge suprême Sotomayor a elle-même reconnu que par rapport à la procédure pénale américaine, c’est du grand n’importe quoi.