Douze Hommes en colère par Solfa
Huis clos magistral. Des personnages admirablement bien campés, surtout.
Douce mécanique, on progresse dans notre connaissance de l'affaire en même temps que les jurés revisitent les points clés du procès, si bien que le noeud se fait et se défait avec nous. Ce qu'on peut reprocher, c'est qu'une telle mécanique requiert des pièces sur mesure: celui qui doute, doute absolument, dès le départ, il a l'oeil clair et franc; celui qui ne doute pas de la culpabilité, est aveugle. Mais tout ce qui arrive est justement probable; ce qui m'a un peu déçu, au final, c'est de sentir que le film a été conçu à l'envers (même si encore une fois, tout se tient). Mais pourrait-il en être autrement?
La critique de la justice des hommes, et ce qu'elle implique dans la compréhension de ce que nous nommons certitudes et probabilités, reste cependant tout à fait saisissante: la justice pour les mauvaise raisons, la justice par la croyance, par le doute, la justice humaine des hommes, contre la justice de système... c'est l'affirmation résolue que la justice humaine, consciente de la faillibilité de nos sens et notre pensée, est la plus raisonnable - mais aussi la plus fragile, et la moins confortable.
Un film, donc, résolument optimiste, mais qui aurait peut-être gagné à un rappel de ce qui le provoque, c'est à dire le doute: au final, on ne saura jamais si l'accusé est coupable ou non coupable. Salutaire, même (surtout?) plus de cinquante ans après.