Huis clos magistral. Des personnages admirablement bien campés, surtout.
Douce mécanique, on progresse dans notre connaissance de l'affaire en même temps que les jurés revisitent les points clés du procès, si bien que le noeud se fait et se défait avec nous. Ce qu'on peut reprocher, c'est qu'une telle mécanique requiert des pièces sur mesure: celui qui doute, doute absolument, dès le départ, il a l'oeil clair et franc; celui qui ne doute pas de la culpabilité, est aveugle. Mais tout ce qui arrive est justement probable; ce qui m'a un peu déçu, au final, c'est de sentir que le film a été conçu à l'envers (même si encore une fois, tout se tient). Mais pourrait-il en être autrement?
La critique de la justice des hommes, et ce qu'elle implique dans la compréhension de ce que nous nommons certitudes et probabilités, reste cependant tout à fait saisissante: la justice pour les mauvaise raisons, la justice par la croyance, par le doute, la justice humaine des hommes, contre la justice de système... c'est l'affirmation résolue que la justice humaine, consciente de la faillibilité de nos sens et notre pensée, est la plus raisonnable - mais aussi la plus fragile, et la moins confortable.
Un film, donc, résolument optimiste, mais qui aurait peut-être gagné à un rappel de ce qui le provoque, c'est à dire le doute: au final, on ne saura jamais si l'accusé est coupable ou non coupable. Salutaire, même (surtout?) plus de cinquante ans après.
Solfa
8
Écrit par

Créée

le 29 oct. 2011

Critique lue 358 fois

Solfa

Écrit par

Critique lue 358 fois

D'autres avis sur Douze Hommes en colère

Douze Hommes en colère
socrate
9

Il n’y a pas de doute valable, la justice, c’est Fonda mental !

Rendons à César ce qui appartient à César : c’est Fonda le coupable du crime. Comment comprendre qu’il soit seul à estimer le jeune potentiellement non-coupable, alors que tout le désigne ? La raison...

le 18 mai 2013

330 j'aime

45

Douze Hommes en colère
Gand-Alf
10

Un coupable idéal.

Nom d'une galette au beurre, c'est-y que je viens d'arriver à ma millième critique ! Par Imogène, je me dois de marquer le coup, en m'attardant sur un classique indétrônable du cinéma, un film de...

le 12 nov. 2013

272 j'aime

24

Douze Hommes en colère
Grard-Rocher
9

Critique de Douze Hommes en colère par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Dans les années cinquante aux Etats-Unis, la cour d'un tribunal doit rendre son verdict à l'encontre d'un tout jeune homme accusé d'avoir tué de sang-froid son père. Les douze jurés vont délibérer...

183 j'aime

59

Du même critique

Les Portes de la gloire
Solfa
4

Critique de Les Portes de la gloire par Solfa

Attention à cette comédie qui n'en est pas une: si le film se tient, notamment grâce à la bonne performance des acteurs, la noirceur qui nimbe en permanence les portraits de ces "losers magnifiques"...

le 1 nov. 2010

4 j'aime

Dr House
Solfa
5

Critique de Dr House par Solfa

Le plus gros défaut: des épisodes qui se ressemblent, et donnent l'impression, sauf début et fin de saison, de revoir sans cesse les mêmes patients, les mêmes histoires, les mêmes séquences. Mais il...

le 23 nov. 2010

3 j'aime

Pina
Solfa
5

Critique de Pina par Solfa

Un documentaire qui cherche à être à la hauteur - la hauteur qu'il donne d'emblée à son sujet, et c'est peu dire que c'est haut - mais qui rate le coche, à trop verser dans l'hagiographie et...

le 9 nov. 2011