Avec ce 13 Assassins, Miike prouve qu'il est capable de réaliser de manière sobre un chambara bien troussé, posant tranquillement les bases de son histoire et des enjeux à venir. Très beau travail de photographie dans les nombreuses séquences de pénombre, avec éclairage des intérieurs à la bougie. On reconnait tout de même le passif de Miike lorsqu'on aperçoit une femme tronc bien repoussante. Et puis survient le massacre, et pour le coup, on n'est pas volé sur la marchandise. La ville piégée est bien fichue, avec des événements délirants mais sans excès (les portails en bois) qui m'ont rappelé la maison de Hanzo the Razor. Dommage que les bovins enflammés soient si moches (à croire que Miike kiffe les mauvais CGI, récurrents dans son œuvre), mais bon, ils ne restent pas bien longtemps à l'écran. Donc ça charcle de partout (faut dire, à 13 contre 200, ça vaut mieux), sans pour autant lasser. Pas de geyser de sang à la Baby Cart (y'a bien une explosion rougeaude à un moment) mais tout le monde finit néanmoins crasseux et dégoulinants, jusqu'à l'inévitable duel final qui ne fait que mettre encore plus en valeur la décadence shogunale dont il est ici question (bien incarnée par le connard en chef).
On pourrait reprocher au film un manque de caractérisation des différents membres de l'escouade (on en retient surtout 4-5), mais cela n'aurait pas forcément apporté grand chose de plus. Parmi les scènes coupées, je retiendrai ce passage débile où l'homme des bois épuise de son insatiable mandrin toutes les femmes du village avant de se finir dans le trou mignon du maire (il est vrai que cela aurait vraiment tranché avec le ton sérieux du film).