Miraculous - Le film par Pascoul Relléguic

Découvert avec ma fille en avant-première, le film s'avère rapidement déroutant avant de virer au décevant pour qui connait un tant soit peu la série originale : Miraculous the movie est en fait plus proche d'un rip off que d'une déclinaison sur grand écran. En effet, le film est un stand alone qui tente de développer et de résoudre tous les enjeux de la série sur 1h45, ce qui le conduit à devoir transformer le caractère des personnages et à tripatouiller le lore. Pire, il se prend pour un Disney en casant de nombreux passages chantés des plus niaiseux, voire hors de propos (le passage de Papillon dans les catacombes qui m'a fait penser au sorcier de la Princesse et la grenouille), entrainant en plus un changement de doubleuse pour Marinette (un procédé que j'ai toujours trouvé désagréable). La post-synchro n'est d'ailleurs pas toujours heureuse.

Entendons-nous bien : les grandes lignes de la série sont là (ces gens ont bien les droits) mais les libertés prises et la nécessaire simplification du récit conduisent à une perte de ce qui fait le sel et le véritable intérêt de l'oeuvre originale, à savoir une réelle intelligence d'écriture pour un animé destiné aux enfants et qui s'autorise une certaine complexité des rapports amoureux et de la place des émotions, en sus de bonnes idées créatives dans l'exploration de l'univers progressivement créé.

Dans le film, il n'y a quasiment pas d'akumatisation (le coeur du concept, pourtant) et les méchants apparaissent vite comme des super villains équivalents à un Marvel. Autre problème de pinailleur : Ladybug n'utilise que très tardivement son pouvoir Miraculous (dans une version également marvelisée) et laisse donc en plan des destructions massives et de probables morts sous les décombres. Quant au final apocalyptique, il détonne tout autant que la résolution soudaine de l'intrigue.

Sans parler de l'ultime séquence, en l'état incompréhensible. Tout ça pour terminer sur un générique étonnamment fauché, genre on n'a vraiment plus un rond. Enfin, le côté carte postale parisienne envoyée par Amélie Poulain, qui est déjà une limite de la série, est ici décuplé au point de devenir parfois horripilant. Et dois-je aborder les nombreux placements produits de bagnoles Volkswagen, faits sans aucune subtilité ?

Mettons au crédit du film qu'il est plutôt joli visuellement et que j'ai bien aimé le travail des visages qui cherche un peu plus de réalisme (le métissage sino-français de Marinette est légèrement plus perceptible). Le projet ayant mené à Miraculous the movie m'intrigue : on retrouve à la réalisation, production et écriture des chansons (!) Jéméry Zag, qui a effectivement officié sur la série, mais aucune trace de Thomas Astruc qui en semble pourtant un pilier créatif. Le budget très élevé de 80 millions d'euros a également nécessité une pléthore de sociétés de production, ce qui explique peut-être les choix scénaristiques pour viser un plus large public.