Michael Bay ne laisse personne indifférent, ses films et productions, sont souvent démontés par la critique, alors que le public en font des succès. C'est un cinéaste populaire. Il n'y a rien de péjoratif dans cette affirmation, bien au contraire. Parfois, il me satisfait comme avec Bad Boys, Rock, Transformers et No Pain No Gain et d'autres fois, il me désespère avec ses suites indigestes à base de Decepticons et avec Pearl Harbor. Dans quelle catégorie va se retrouver son nouveau film, la bonne où la mauvaise ? Plutôt dans la dernière, même si ce n'est pas une catastrophe.


Ceci est une histoire vraie. Le 11 Septembre 2012 à Benghazi en Libye, six agents de sécurité vont résister durant 13 heures (ce qui explique le titre), aux assauts de plusieurs terroristes dans deux lieux différents.


La Libye vient d'être libéré de son dirigeant Mouammar Kadhafi, par les gentils américains, français et anglais. Mais comme souvent, c'est le chaos qui règne après leur passage. Benghazi est une zone chaude où une base secrète de la CIA opère toujours, tout en s'accaparant les richesses des anciens dirigeants, alors que le peuple semble vivre dans la pauvreté. La tension est palpable dans les rues où tout peut basculer à tout moment. Les grandes compagnies viennent faire leurs marchés dans ce pays au bord de l'insurrection. Les enfants courent dans les rues et les champs, alors que leurs aînés observent les déplacements de ces américains, responsables de cette situation.


Le film se situe entre Pearl Harbor et No Pain No Gain. Ce sont des histoires inspirées de faits réels. La première se perdait dans une romance soporifique à travers une tragédie militaire, alors que la seconde était un régal tant les personnages étaient d'une stupidité consternante dans une histoire rocambolesque. 13 Hours se veut une reconstitution fidèle d'un acte héroïque et un hommage à ses hommes prêt à se sacrifier pour sauver des vies.


Comme souvent avec Michael Bay, il ne sait pas faire simple, ni court. Cela ne lui ferait pas de mal d'épurer son style et d'aller à l'essentiel, au lieu de nous assommer de ralentis superflus et de gros plans à l'esthétique superficielle. Mais c'est son truc, il aime nous en mettre plein la vue, pour le meilleur mais souvent le pire. Quand on va voir ses films, on y va en connaissance de cause et pourtant, il me surprend toujours pas sa faculté à ne pas se remettre en cause. Malgré tout, son film ne sera pas indigeste, bien au contraire. Il est d'une simplicité exceptionnelle pour ce réalisateur, du moins à son niveau. Mais pouvait-il faire autrement avec une matière aussi faible qu'une suite d'assauts ? Sa frénésie n'est pas épuisante, mais lassante. Les terroristes nous tirent dessus, alors on riposte et ainsi de suite. On a bien sur un peu de douceur dans ce monde de mâles sous testostérones. Ils ont des femmes, des enfants et un chien. C'est trop mignon, mais on en a strictement rien à faire. La psychologie, tout comme la subtilité, ne sont pas ses points forts. C'est souvent convenu et caricatural. Il faudra attendre un soupçon d'émotion lors du final, mais il faut s'armer de patience et passer entre les balles.


Pourtant, le début était réussi. La première scène dans les rues de Benghazi était bien tendu. James Badge Dale et John Krasinski s'en sortent bien, même si le second se révèle plus intéressant, en réussissant à faire oublier son personnage de Jim Halpert dans l'excellente série The Office. On ne retrouve pas de stars au sein de ce casting, mais de nombreux acteurs venant de la télévision. Pablo Schreiber se trouve être le plus brillant d'entre-eux. On l'a découvert dans la meilleure série de tout les temps The Wire, avant qu'il ne se révèle à un public plus large avec son personnage de Pornstache dans Orange is the New Black. C'est un acteur à l'aise dans tout les genres et on peut à nouveau s'en apercevoir dans ce film. David Denman (aussi The Office), Max Martini (The Unit) Toby Stephens (Black Sails), David Costabile (Suits) qui joue toujours le même rôle, celui d'un sale con, Dominic Fumusa (Nurse Jackie) où encore la française Alexia Barlier. C'est le seul rôle féminin conséquent de l'histoire, ce qui est compréhensible, vu la situation. Mais elle réussit à être particulièrement agaçante avec ses faux-airs d'Anna Gunn. Elle représente Exxon au Libye et passe son temps à se plaindre de ne pas conclure une affaire, alors qu'ils lui sauvent à chaque fois la vie, sale ingrate.


Fort Alamo, La chute du faucon noir et Assaut. On pense forcément à ces films durant la séance, surtout que les deux premiers vont être cités quand la situation devient similaire. Le spectacle ne sera jamais à la hauteur de ces classiques. Le film est beaucoup trop long et ne prend même pas la peine de développer les personnages. Alors que la première heure semble vouloir s'attarder sur les protagonistes, la seconde se révèle une succession de tirs et explosions, nous donnant l'impression d'être devant un jeu vidéo grandeur nature, mais sans avoir la possibilité de participer en prenant la manette. On devrait être dans un état de tension extrême, tout en devenant paranoïaque, vu qu'on est dans l'impossibilité de savoir qui sont les méchants et les moins méchants. L'immersion ne fonctionne pas et on se sent loin de l'action en étant bercé par les déflagrations, au point que les paupières vont devenir aussi lourdes que la grosse machine pétaradante de Michael Bay.


Le cru 2016 de Michael Bay se révèle fade et bruyant. Cette pause avant un nouveau Transformers, n'est pas à la hauteur de l'excellent No Pain No Gain. Il réussit à éteindre notre cerveau durant la séance, mais pas à le satisfaire en sortant de la salle.

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le 30 mars 2016

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Laurent Doe

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