Il existe très peu de films consacrés à la chute de la dynastie Qing et aux débuts de la République chinoise amenés par Sun Yat-Sen, un moment pourtant déterminant pour comprendre la Chine contemporaine. 1911 a donc d’emblée une vraie valeur : il s’aventure dans un territoire historique presque déserté par le cinéma, là où la fiction préfère généralement les guerres civiles ultérieures ou l’ère maoïste. Jackie Chan, accompagné de Li Zhang, signe une fresque ambitieuse qui tente de couvrir à la fois les soulèvements armés, les tractations politiques et les grandes figures du mouvement, en s’appuyant sur un montage volontiers éclaté (on passe d'un camp à un autre). Certaines idées de mise en scène enrichissent la narration, tandis que d’autres la rendent plus confuse, accentuant la complexité d’un récit déjà dense, alourdi par une multitude de personnages et des cartons explicatifs trop rapides et parfois illisibles. Le film se heurte également à un discours héroïsé et manichéen, qui simplifie les enjeux historiques et transforme la révolution en récit commémoratif contrôlé, allant jusqu’à "oublier" la longue et douloureuse période Tchang Kaï-chek dans sa conclusion pour mieux valoriser les bienfaits ultérieurs du Parti communiste...
J’ai malgré tout passé un bon moment dans cette époque passionnante de basculement : 1911 éclaire une page essentielle de l’histoire chinoise, sans toutefois parvenir à lui donner toute la force narrative qu’elle mérite.
Fun fact : on y croise plusieurs décors utilisés dans le film Bodyguards and Assassins, qui se déroule à la même période à Hong Kong, toujours avec Sun Yat-Sen.