Soit le film qui fait la combinaison de deux explorateurs, l’un de papier, l’autre de l’écran : Jules Verne & Walt Disney. Fleischer ne sera que le brillant artisan-exécuteur de cette affaire, qui repose aussi sur les présences de Kirk Douglas, Paul Lukas, Peter Lorre & James Mason. Excusez du peu. Le premier sera un courageux harponneur, les deux suivants un homme de science et son vaillant conseiller, quant au quatrième il s’agit ni plus ni moins que de l’énigmatique Capitaine Nemo, politicien fou et torturé. Un poulpe géant fera donc office de grand méchant quand Peter Lorre sera lui tout gentil, voilà en partie sur quoi s’appuyait la promotion du film, qui faisait aussi dire à Kirk Douglas qu’il allait se battre contre un requin et une tribu cannibale mais que son plus grand mérite ici allait être de pousser la chansonnette accompagné d’un ukulélé en tortue. Mais le cœur du film se joue avant, à mon sens. Dans la découverte du Nautilus (visuellement fascinant et bien aidé par le Scope et le Technicolor) dont on croit d’abord qu’il est un monstre marin qui dévaste les frégates du Pacifique avant de comprendre qu’il est un navire insubmersible qui renferme la folie d’un seul homme, explorateur et terroriste. Rien que pour ce glissement (vers le Nautilus, vers Nemo, vers le monstre) et pour l’exploration sous-marine qui en découle, Vingt-mille lieues sous les mers est un très beau film d’aventure.


 J’aime aussi beaucoup le film pour l’imaginaire qu’il charrie et auquel il me renvoie, par nostalgie : L’intérieur du Nautilus à quelque chose de celui de la fusée dans Tintin – Faut-il rappeler que l’un des ouvrages de Jules Verne s’intitule « De la terre à la lune » ? – et des similitudes dans les personnages se ressentent, au point que l’on peut considérer que Milou est remplacé par l’otarie Esmeralda. Mais c’est aussi un cinéma maritime, que j’affectionne et qui probablement s’en inspire, que le film convoque par touches. Les portes étanches qui referment les compartiments inondés lors de l’avarie provoquée par l’explosion ne sont pas sans rappeler celles de Titanic ; Quant au voyage à travers le vaisseau, ses pièces, son ambiance métallique, son arbre d’hélice, c’est bien entendu à L’aventure du Poséidon (Peut-être Le film de mon enfance) auquel je songe ; On pourrait aller plus loin et voir les prémisses d’Alien dans ces couloirs, celles de Das boot dans l’immensité maritime qui enveloppe ce monstre d’acier. Quant à ce hublot géant, cette façon si singulière et poétique – Ah, la mort du Capitaine Nemo – qu’il a de s’ouvrir sur l’océan, il me renvoie à la structure vitrée de l’Atlantis de Stromberg dans mon James Bond préféré, L’espion qui m’aimait. Bref, tout ça pour dire que c’est un film que j’aurais probablement adoré voir et revoir, gamin, mais que de le découvrir aujourd’hui ne me le rend pas moins sympathique, au contraire.
JanosValuska
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le 2 déc. 2019

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JanosValuska

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