Application SensCritique : Une semaine après sa sortie, on fait le point ici.
20/68: Schatzi
Fiche technique
Pays d'origine :
AutricheDurée : 02 minSynopsis · On trouvera le processus de contamination mentale scénarisé par The Addiction sous sa forme pure dans 20/68: Schatzi de Kurt Kren (1968). En plan-séquence, 20/68: Schatzi commence sur une masse visuelle grise, celle-ci fait l'objet d'une progressive mise au point, on distingue peu à peu une image en noir et blanc, les ombres se précisent, on identifie un officier de la Werhrmacht debout dans un camp de concentration, autour de lui le sol est jonché de cadavres, la focalisation dépasse le point de netteté, le plan lentement retourne au gris. Mais comme l'écrit Doris Peternel, "le flou ne peut plus atteindre à l'insignifiance du début, il devient un écho des traces dissimulées du mal et de l'horreur". Au rebours de la mimèse iconographique (les films qui reproduisent les signes extérieurs de la catastrophe, ce que l'on appelle "la reconstitution historique" ou l'histoire antiquaire, selon les termes de Nietzsche), Kren, Schneemann ou Ferrara inventent des films en forme de processus psychique, au cours desquels il ne s'agit pas de reconstituer l'histoire - jusqu'à l'obscénité dans le cas des camps d'extermination -, mais de solliciter les logiques spéculatives par lesquelles on accède à une intellection de l'horreur. 20/68: Schatzi et The Addiction transforment la hantise en instrument critique pour l'analyse de l'histoire. "Seul celui que la nécessité présente prend à la gorge et qui veut à tout prix en rejeter le poids, sent le besoin d'une histoire critique, c'est-à-dire qui juge et qui condamne".

