Trois personnes qui n'ont, a priori, rien en commun, vont finir par se retrouver mêlés d'une façon qui se rapproche plus du quiproquo que de la vraie rencontre. Vous en dire plus serait plus ou moins ruiner ce qui fait l'intérêt du film. Généralement, ça ne me gêne pas plus que ça d'en raconter beaucoup sur le pitch d'un film, tant que je sais tenir ma langue sur les intrigues clés et pas spoiler comme un sagouin. Mais là, pour le coup, j'ai vraiment l'impression que révéler une once d'intrigue de plus, bah ça serait arracher un pan du boulot qu'à fait Inarritu. Ça serait retirer une dimension de l'oeuvre.
Le montage non-linéaire apporte une autre dimension au film. Comme si, au final, rien n'avait de sens, que tout était écrit d'avance et que, quoi qu'on fasse, le résultat sera le même. C'est, certes, une vision terriblement pessimiste de la vie, mais n'est-ce pas ce qui nous attend ? Chaque vie a sa temporalité, sans se soucier de celle des autres. Sauf quand elles s'entrechoquent. C'est ce qu'exprime assez bien ce film, je trouve.
Le spectateur est comme un quatrième personnage, qui aurait accès à tous les indices sans pour autant pouvoir les remettre dans le bon ordre tant que la ligne temporelle n'est pas complète. Peu de films se permettent de chambouler la chronologie comme c'est le cas ici (le seul qui me vient, c'est Pulp Fiction). Alors oui, au début, t'es déstabilisé, tu demandes pas si t'as commencé le film un peu trop loin par rapport au départ prévu. Mais non, très vite, tu te rends compte que c'est normal et ton cerveau, comme par magie (s'il va bien), remet les éléments dans l'ordre prévu à cet effet.
En soi, c'est le montage de ce film qui le rend intéressant. Il aurait été chronologique, le résultat n'aurait sans doute pas été le même. Il serait resté une banale histoire d'amour entre... AH NAN JE VAIS SPOIL BORDEL. Donc, si ce film est puissant c'est grâce à son montage et en partie grâce à sa conclusion (et le poème de l'artiste vénézuélien).