I'm being postmodern before it was fashionable.

Steve Coogan me fait marrer. J'y peux rien, c'est comme ça. A la télé, à la radio, ou au cinéma, qu'il joue un personnage ou qu'il soit lui-même, il fait toujours son effet. Son flegme (britannique, bien sûr), son attitude alors qu'il débite des conneries me plient de rire à chaque fois, donc forcément 24 Hour Party People partait avec un a priori positif.


Le film narre le parcours de Tony Wilson, grand monsieur de la scène musicale mancunienne des années 70 à 90. On est quelque part en biopic et fiction, puisque Winterbottom s'inspire librement de la réalité, des rumeurs de l'époque mais aussi de ses propres envies. Tony Wilson brise régulièrement le 4e mur aussi bien pour nous recadrer dans l'histoire que pour raconter des idioties non sans humour.


Comme le précise ce même Tony lors d'une de ses apartés avec le spectateur, c'est avant tout un film sur la musique que nous regardons, et en rien une reconstitution fidèle. L'intrigue, si tant est qu'il y en ait une, débute en 1976 lorsque les Sex Pistols se produisent devant 42 personnes à Manchester et va suivre les mouvements musicaux jusqu'à la fin de l'ère 'Madchester', en insistant bien sûr sur les groupes chaperonnés par Wilson, dont Joy Division, puis New Order, et les Happy Mondays. Les passages musicaux détonnent, les dialogues sont aiguisés, et on se délecte des cameos si nombreux qu'on ne peut les compter (mais ils sont bien placés, pas façon Astérix aux Jeux Olympiques). On note également la présence d'Andy Serkis en personne au casting, et non pas sous couvert d'images de synthèse, c'est toujours sympa.


Néanmoins, et il convient de le signaler, le film est destiné à un public d'initiés. Si vous ne connaissez rien de Tony Wilson ni de 'Madchester', non seulement vous n'allez rien apprendre puisque vrai et faux se mélangent, mais vous risquez d'être totalement perdus. En effet, le scénario est très décousu. On avance à un rythme irrégulier et sans véritablement de liant, des éléments disparaissent aussi vite qu'ils sont apparus (polémique nazie autour de Joy Division, problèmes financiers de la Factory) et si le narrateur ne nous replaçait pas de temps à autres, on pourrait perdre le fil très vite.
Par ailleurs, le film comprend des scènes WTF délirantes comme l'empoisonnement des pigeons ou l'apparition de Dieu qui, à titre personnel, m'ont vraiment fait rire mais qui, je le pense, finiront d'achever les fameux non initiés qui galéraient à suivre jusque là.


Un bel hommage à la scène post-punk mancunienne donc. Le film ravira les nostalgiques ou simples amateurs de ces groupes, les autres risquent d'être intrigués par ce qu'ils voient.

Créée

le 11 déc. 2014

Critique lue 821 fois

15 j'aime

4 commentaires

Jake Elwood

Écrit par

Critique lue 821 fois

15
4

D'autres avis sur 24 Hour Party People

24 Hour Party People
oso
7

A playlist named Manchester

Armé d’une esthétique typée documentaire, 24 hours party people se propose de faire la lumière sur les successives vagues musicales qui ont animé la ville de Manchester depuis la fin des années 70...

Par

le 12 nov. 2014

6 j'aime

24 Hour Party People
Alligator
7

Critique de 24 Hour Party People par Alligator

janv 2010: Je crois que c'est mon premier film de Winterbottom et ce que je retiens avant tout se situe dans l'écriture. Elle m'a paru d'une remarquable lisibilité très habile également avec ces...

le 30 mars 2013

5 j'aime

24 Hour Party People
takeshi29
8

Un film générationnel

Voilà un film que j'aime regarder quand un brin de nostalgie me titille. L'époque y est parfaitement rendue, l'ambiance, les personnages hors du commun, cette musique mythique, Winterbottom réussit...

le 26 avr. 2011

4 j'aime

4

Du même critique

Seul sur Mars
JakeElwood
6

Il faut encore sauver Matt Damon.

Après la vague de biopics en tout genre et l’overdose de super-héros, sommes-nous en train d'assister au début de la mode des films dans l’espace ? Après Gravity et Interstellar pour ne citer qu’eux,...

le 23 oct. 2015

50 j'aime

4

Annie Hall
JakeElwood
7

A relationship, I think, is like a shark. You know? It has to constantly move forward or it dies.

Attachez vos ceintures, nous voilà partis pour 1h33 de dialogues non-stop ! Pas d'escale avant la fin du film, j'espère que vous avez pris vos précautions. Considérée par beaucoup comme une des...

le 22 juil. 2014

49 j'aime

3

La Chasse
JakeElwood
9

Le poids des mots.

En premier lieu, pour avoir vécu dans la province danoise, je tiens à souligner le réalisme prenant du village au cœur de l'hiver danois. On s'y croirait à tel point, aussi bien au niveau des décors...

le 2 mai 2014

39 j'aime

4