Sur une trame de comédie romantique d’une grande banalité, un homme et une femme qui se rencontrent par hasard en se percutant pendant un footing puis qui se perdent de vue, se retrouvent par un hasard tout cinématographique, tombent amoureux avant que le dernier acte remettent les choses en cause avant la réconciliation finale, Sébastien Betbeder parvient à construire un film charmant et moins léger qu’il n’y paraît au premier regard.
C’est que le réalisateur assume totalement par son dispositif de mise en scène l’artificialité de son récit. Les acteurs parlent face caméra comme s’ils étaient entrain de témoigner pour un reportage, décrivent leurs sentiments en voix off et rompent bien souvent le quatrième mur en s’adressant directement au spectateur.
Ce qui pourrait d’abord apparaître d’ailleurs anti-cinématographique, la voix-off surtout, se révèle être un exercice de style donnant accès aux spectateurs à la trivialité des pensées des personnages avec des moments de pure grâce humoristique (« Nous étions nus dans le salon. Heureusement, j’avais passé l’aspirateur. »). Par cette trivialité de la pensée c’est la banalité de l’existence des personnages qui s’exposent permettant l’attachement des spectateurs à ces personnages. Difficile de ne pas s’identifier à un personnage victime des affres des caisses du Simply Market.
Il faut dire que les personnages ne manquent pas de charme, Arman en tête incarné par un Vincent Macaigne absolument magistral et qui par son regard mi-paumé mi-Droopy, son look improbable calvitie-cheveux longs et sa voix nasale lui confère une sympathie immédiate.
Une très belle comédie.