300
6.4
300

Film de Zack Snyder (2007)

« This is Sparta ! » KING LEONIDAS

300, le roman graphique de Frank Miller, paru en 1998, racontait comment le roi Léonidas et sa petite armée de trois cents guerriers sanguinaires tinrent tête à la faramineuse armée perse du roi Xerxès lors de la célèbre bataille des Thermopyles. Avec son style expressionniste, la concision de son découpage et son incroyable sens du dialogue, Miller délivrait une vraie réflexion sur l’honneur et la victoire. Ses ouvrages content systématiquement l’histoire d’un individu marginalisé par son inflexible idéologie qui le mènera inexorablement à sa perte mais donnera par là même un sens à sa vie.

C’est Zack Snyder qui va adapter ce comics, écrire le scénario (avec l’aide de Kurt Johnstad et Michael B. Gordon) et mettre en scène le film, lui qui a pour l’instant, réalisé Dawn of the Dead le remake du Dawn of the Dead de George A. Romero.

300 sort en 2007 et le moment n’aurait d’ailleurs pu être mieux choisi pour revisiter le roman graphique de Frank Miller vue la popularité dont jouit ce dernier auprès du grand public depuis la parution de la première adaptation cinématographique de ses histoires de Sin City en 2005.

Le Sin City de Robert Rodriguez revendiquait son statut d’adaptation en tentant de reproduire l’univers visuel de Frank Miller, en reprenant son découpage case par case et en gardant son texte à l’identique. Ici, le film de Zack Snyder s’inscrit dans la même veine, reprenant la presque totalité du comics et en utilisant les mêmes procédés que Sin City (décors incrustés en fonds bleus, travail de la lumière et des couleurs sur ordinateur) pour en retrouver l’esthétique. Mais pas aussi fétichiste que Rodriguez, Snyder prend quelques libertés avec l’intrigue et le découpage qu’il étoffe (toutes les scènes se déroulant sur Sparte avec la Reine ont été ajoutées pour renforcer l’unique rôle féminin par exemple).

Aux commandes, Zack Snyder se révèle à la hauteur de la tâche qui lui a été confiée et signe une mise en scène dont l’arrogance et la désinvolture sont en soi parfaitement assumées. Il ressort de ces élans tapageurs une facture plastique tout ce qu’il y a de plus artificielle, s’appropriant comme bon lui semble les traits propres au roman graphique tandis qu’une profusion de plans séquences, ralentis et zoom / dezoom ne manquent jamais de souligner avec une force de frappe tout de même considérable les moindres actes de bravoure et de violence des protagonistes, lesquels abondent évidemment ici en quantité industrielle.

La distribution menée par un Gerard Butler électrisant campe de manière intrépide et fort charismatique ce groupe de guerriers unidimensionnels assoiffés de sang et de liberté. Le film s’évertue d’ailleurs à défendre un discours socio-politique ayant tendance à laisser un goût plutôt amer étant donnée la situation particulièrement tendue sur la scène internationale avec laquelle doit composer les États-Unis depuis le début du nouveau millénaire. Il faut dire que Zack Snyder nous avait déjà fait nager dans les mêmes eaux troubles avec son premier film alors qu’il nous soumettait au discours d’un prêtre dénonçant l’homosexualité et l’avortement, et ce, sans jamais vraiment prendre position face aux dires de son personnage.

Ici, c’est l’Iran qui va se sentir insulter dans un contexte politique tendu entre ce pays et les États-Unis. En effet, la représentation qui est faite des Perses est fausse, dépeints comme une horde barbare à peine humains, décadents, opposés aux nobles grecs. L’Iran a déclaré que les États-Unis essayaient de modifier la réalité historique afin de les humilier, présentant l'empire comme une contrée barbare et stupide. La goutte d’eau provient sûrement d’un Xerxès tendancieux, voir homosexuel, ce que le gouvernement iranien rejette.

Même constat que pour son Dawn of the Dead, chacun fera son interprétation du film, je me contente de voir un film bien bourrin orné de tableaux picturale.

Zack Snyder signe avec son 300 un spectacle tapageur n’ayant visiblement été mis sur pied que dans le but d’assouvir nos pulsions sadiques et de nous faire revivre une certaine époque où nous ne pouvions qu’être étrangement fascinés par ce genre de divertissements tape-à-l’oeil et ultra-violents.

StevenBen
8
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le 9 avr. 2024

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Steven Benard

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