Martin McDonagh nous emmène dans une petite ville du Missouri où la vengeance règne. À la suite du viol et du meurtre de sa fille, Mildred s'insurge contre la police et décide de louer trois panneaux près d'une route, que personne n'empreinte, afin de passer un message ; un message quelque peu violent à l'encontre de la police.


Dès le début, le réalisateur annonce la couleur : Martin McDonagh nous présente ici une petite ville tout droit tirée d'un western dans laquelle la violence est omniprésente. Et, en effet, les panneaux rouge sang, le thème de la vengeance, tout y est. C'est Mildred Hayes, magnifiquement interprétée par Frances McDormand, qui s'impose comme reine de la revanche. Loin de la douceur de la petite flic Marge « Maggie » Gunderson de Fargo, McDormand livre une performance toute aussi poignante qu'émouvante d'une mère en deuil déterminée à venger sa fille, pour laquelle elle a reçu le Golden Globes début janvier, amplement mérité. Outre Frances McDormand, McDonagh sait toujours s'entourer d'acteurs de renom (on compte parmi eux un certain Christopher Walken dans son film précédent) et s'entoure ici d'acteurs avec qui il a déjà collaboré, de Woody Harrelson, en passant par Abbie Cornish, à Sam Rockwell, tout aussi déjanté que « psychopathe ». Ces acteurs, qu'on ne présente plus, nous offrent tous par ailleurs des scènes émouvantes sur une (sublime) musique de Carter Burwell. Malgré cette fragilité cachée des personnages qui se révèle peu à peu dans de très belles scènes, comme celle de la biche, on a affaire à une belle bande de brutes, tous aussi violents les uns que les autres, qui enchaînent les règlements de compte : quand ce n'est pas sur la police qu'on tape, c'est sur les homosexuels ! Tout tourne autour de cette violence, principalement motivée par la vengeance. Mais outre celle-ci, Three Billboards : les panneaux de la vengeance, nous livre également un message sur le remord ainsi que la culpabilité.


La culpabilité est bien évidemment au centre du film : c'est bien celle-ci qui va ravager les personnages mais qui va également les aider à devenir meilleurs. Elle touche aussi le personnage de Frances McDormand, victime mais également bourreau, qui apparaît fatiguée, froide et dure et qui fait preuve d'un humour noir ainsi que d'un sarcasme permanent (commun à tous les films de McDonagh, tout comme l'aspect violent) qui permet d'alléger l'atmosphère brutale du film. On repense bien évidemment au fameux « oh yeah » de Maggie dans Fargo qui, dans la bouche de Mildred Hayes, a un goût plutôt amère. Et, bien que belliqueuse, Mildred garde la tête froide face aux policiers, face à toute la ville mais surtout face aux hommes et ne tombe jamais dans les crises d'hystérie.


Après avoir dénoncé l'industrie hollywoodienne dans Sept Psychopathes, Martin McDonagh s'attaque à la violence qui règne au sein de la société américaine ; violence envers les femmes, les homosexuels ou les Noirs. Three Billboards se démarque de ses films précédents en proposant un drame plus profond, plus humain qui repose principalement sur la performance des acteurs, en particulier celle de Frances McDormand, à l'opposé de son rôle de flic novice du Minnesota dans Fargo, pour lequel elle avait gagné l'Oscar de la meilleure actrice en 1997. Rendez-vous aux Oscars ?

mad_math
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le 19 avr. 2018

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