Martin McDonagh est pour certains une découverte de cette année 2018, une découverte faite par le biais d'un film, Three Billboards Outside Ebbing, Missouri. Un film qui a pris son envol d'un coup et qui continue son trajet glorieux à l'heure où j'écris cette critique, cette nuit même il sera présent aux Bafta Awards où je n’ai nul doute qu'il remportera plus d'un prix.
Pour ma part, j'attendais ce film, et je le sentais bon, tout simplement car depuis la découverte, la superbe découverte de Bons baisers de Bruges, un film que je chéri particulièrement, j'attends chacun des projets de Martin McDonagh.


J'ai beau également suivre l'actualité de son frère, John Michael, qui tout comme Martin en est à trois films à son actif, un réalisateur dont j'ai surtout aimé la première œuvre, à savoir L'Irlandais, mais qui n'est pour l'instant pas arrivé au niveau de son frangin. 3 Billboards venant de plus frapper un grand coup.


C'est au sein d'un patelin du Missouri, où les mentalités ne sont pas les plus ouvertes, que McDonagh va poser sa caméra et son histoire. Après avoir filmé des tueurs à gages en Belgique et une bande de psychopathes dans le désert, le voilà de retour avec son film le plus sombre, et pourtant le plus humain.
L'affaire est simple : un crime non résolu, une mère costaud mais n'en pouvant plus d'attendre qu'il le soit, une poignée de flics dépassés, et surtout, 3 panneaux abandonnés sur une route quasi disparue de la carte. A en juger l'affiche, le casting et la bande son, ce film a presque tout du western moderne, le seul truc, c'est qu'il n'y a aucun méchant dans l'histoire, donc adios le western.
En effet, McDonagh a l’intelligence de ne pas tomber dans le thriller vengeur bête et méchant. Il écrit et filme avant tout des mentalités, bien différentes. Principalement celle d'une mère bad ass en apparence mais détruite à l'intérieur à cause du meurtre de sa fille, celle d'un chef cancéreux qui ne demande qu'à faire son boulot quand celui-ci est encore faisable, et celle d'un petit flic du sud élevé bêtement à l'allure de chien égaré.
Voilà les têtes d'affiches de ce drame magnifique, fort, très fort, d'une puissance que je ne soupçonnais pas, car c'est la première fois de ma vie de cinéphile que je chiale tout du long d'un film. J'en ai encore les yeux humides rien que d'écrire ces mots. Cette émotion est liée à un mélange, c'est évident, un mélange entre cette histoire pessimiste, ces personnages paumés qui ne demandent qu'à être bons, à cette mise en scène remarquable et bien sur ce casting merveilleux.


McDonagh sait s'entourer, cela se voit à chacune de ses œuvres, ici le trio est absolument parfait. Frances McDormand, cette femme, bon sang ! Cette Coen dans l'âme, et dans le mariage aussi, cette actrice immense si peu mise en avant, prend aux tripes ici. Tout comme Woody Harrelson, sublime Woody, j'aime ce mec bon sang... ptin voilà que je chiale... je laisse tomber, je n’ai même pas les mots. Puis Sam Rockwell, ce bon vieux Sam, ce géant Sam même, acteur que j’affectionne également, toujours au maximum de ce qu'il peut donner, magnifique dans ce personnage de loser en rédemption.
Abbie Cornish, déjà présente comme ses deux collègues cités juste avant dans 7 Psychopathes est également géniale, Zeljko Ivanek lui aussi en faisait partie. Caleb Landry Jones est super, tout comme John Hawkes, tandis que Peter Dinklage se révèle très émouvant.


Three Billboards Outside Ebbing, Missouri est malgré sa puissance un film fort simple, et c'est surement ça qui est beau, sa simplicité technique déjà, McDonagh pose sa caméra ici et là sans faire d’esbroufe, il laisse place pleine à ses personnages. Il nous sert cependant et avec maestria un plan séquence dingue où Rockwell sortant du poste de police se rend dans le bâtiment en face pour foutre par la fenêtre Landry Jones et revient au poste, plan mémorable et j'imagine complexe à mettre au point.
La très belle bande son qui accompagne le métrage est certainement à l'origine de plusieurs départs de larmes, elle borde le film d'un ton rustique avec douceur.


En bref, voici un sacré morceau que nous dépose là le désormais un peu plus connu, voire beaucoup plus, Martin McDonagh, scénariste et réalisateur de talent, qui manie toujours aussi finement l'art de combiner drame et humour. Jouissif et profondément touchant.


PS : Ce Martin a quand même un sérieux délire avec les nains depuis In Bruges ^^

-MC

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