Judd Apatow est issu du groupe Frat Pack. Ce groupe est un ensemble d’humoristes faisant aussi du cinéma. Dans ses amis, on pourra citer Wes Anderson (réalisateur de Moonrise Kindgom) ou les acteurs Ben Stiller, Owen Wilson, Vince Vaughn, Jonah Hill, Paul Rudd, Jason Segel, Seth Rogen, … Ce sont eux qui animent le Saturday Night Live et qui font rire des millions d’américains. Ce sont également eux qui prouvent que la comédie n’est pas un genre qui se perd au cinéma.

Ce film a deux facettes très réjouissantes. La première est dans la continuité de l’oeuvre de Judd Apatow. Lui qui s’est imposé comme l’un des maîtres de la comédie romantique avec 40 ans toujours puceau ou encore En cloque mode d’emploi (dont ce film est la suite), s’est montré comme un metteur en scène quelconque. Ne cherchant jamais à faire des choses grandioses avec sa caméra, il préfère la performance. Exactement comme tous les films contenant les membres du Frat Pack comme acteurs principaux. Tout se fait grâce au texte et on s’en fiche si la caméra vacille un peu, car on doit surtout regarder la performance des acteurs. Même si Funny People était plus dans le drame que la comédie, Judd Apatow a avant tout un amour pour ses personnages et ses acteurs, il les fait passer avant la caméra.

L’autre facette de ce film est le renouveau de l’oeuvre de Judd Apatow. Ce film n’est pas construit de la même manière que 40 ans toujours puceau ou En cloque mode d’emploi : Judd Apatow ne va pas simplement nous livrer des sketches, certes drôles et décalés, mais va construire son film comme il ne l’a pas encore fait auparavant. Et c’est là qu’on y retrouve une possible influence. Quand on regarde le film Comment Savoir de James L. Brooks (très bon film), on pourrait croire que This is 40 est son petit frère. Judd Apatow démarre avec des doutes, des questionnements et des névroses. Il continue avec la recherche de la perfection, de la stabilité pour finir en vraie explosion. Et il termine par une merveilleuse libération. Sans y oublier la partie sketches qui intervient tout au long du film, élément et patte principale du cinéma de Judd Apatow.

L’intrigue peut se résumer autrement dans ce film : Judd Apatow s’interroge et célèbre la vie ainsi que le couple. A travers cette vie de famille, Judd Apatow y scrute chaque moment clé pour en donner un grand bordel. Ces moments clés où la vie n’est pas facile. Etre en couple n’est déjà pas une chose aisée, mais quand on est des parents, ça ajoute des contraintes et des difficultés en plus. Judd Apatow nous parle de ces moments difficiles de la vie (amour, famille, profession, …) alors qu’on se refuse à vieillir. Et cet effet de benjamin-buttoniser ses personnages en fait ressortir une vraie fraicheur et une fausse légèreté qui cache une tension qui peut exploser à tout moment (et ça arrivera, pour notre plus plaisir).

C’est là tout le génie de Judd Apatow, outre le fait de grapiller quelques aspects chez James L. Brooks, il filme la vie, la famille et le couple avec à la fois une tendresse savoureuse et une dérision irrésistible. A travers ces questionnements et cette recherche de perfection, Judd Apatow apportera une fulgurante énergie qu’on aurait du mal à retrouver dans n’importe quelle autre comédie. Judd Apatow nous prouve qu’il est un amoureux de la vie, qu’il se passionne à filmer l’amour et les difficultés que cela engendre, tout en offrant un film exigeant mais néanmoins brillant.

En enfer ceux qui pensent avoir vu une chronique d’une vie de famille. A la bonheur ceux qui ont vu l’universalité du propos. Le virage de la quarantaine, qu’on tente joliment d’éviter, n’est qu’un prétexte pour parler de tous ces moments de la vie où on vieillit tellement qu’on sent que notre quotidien va changer. Entre les responsabilités professionnelles qui augmentent, une fille qui entre dans la puberté et un sentiment de passer à côté de quelque chose, ce film est un délicieux mélange de tout ce que l’on peut connaître dans notre vie. Pour cela, Judd Apatow a trouvé les acteurs justes qui mettent leur coeur tout entier pour s’amuser et nous faire rire. On retiendra aussi les apparitions hilarantes de Jason Segel (How I met your mother, Les Muppets) et de Melissa McCarthy (Mike & Molly).

Finalement, 40 ans mode d’emploi est un film exigeant et drôle. Tout en fraicheur et en légèreté, Judd Apatow nous parle de ces moments où on refuse de vieillir. Ces moments clé de la vie où on doit faire face à nos responsabilités. Judd Apatow se fout d’avoir la caméra placée où il faut, il est d’abord amoureux de ses personnages et c’est pour ça qu’on rit aussi souvent devant ses films. Judd Apatow célèbre la vie, la famille et l’amour de la meilleure manière qu’il soit : un texte plein de poésie, une énergie folle, puis un mélange exaltant de tendresse et de dérision.

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Auteur : Teddy
LeBlogDuCinéma
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le 12 mars 2013

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