45 ans
6.4
45 ans

Film de Andrew Haigh (2015)

Un couple de septuagénaires s’apprête à fêter leur 45 ans de mariage, avec tous leurs amis, quand soudain tombe une nouvelle totalement inattendue qui les replonge dans le passé.


Ce passé s’insinue dans les souvenirs réactivés du mari, Geoff, et s’immisce dans la quotidien du couple, dans leurs échanges, créant peu à peu un rempart invisible entre eux. Que se joue-t'il pour eux dans cette soudaine réapparition ?


Ce qui perturbe le plus Kate c'est la préoccupation grandissante de Geoff vis à vis de cette ancienne histoire. Il en parle constamment, il se lève la nuit pour farfouiller les souvenirs de cette époque, il se renferme dans ses songes, oubliant même ses amis et ses passions.
Voyant que sa femme en est marrie, Geoff va essayer de se rattraper comme il peut, de se rapprocher d'elle.

La scène de la danse est à ce titre très belle, suivie par un moment de retrouvailles physiques émouvant, mais hélas voué à la déception car Geoff n'a pas retrouvé sa forme, et peut-être aussi ses esprits. Ce moment raté, pour elle comme pour lui, va creuser le fossé de l'incompréhension et de l'éloignement.


En parallèle, se joue la pression de la fête d'anniversaire de mariage, ces fameux 45 ans. Que va t'il se passer ? Kate redoute que Geoff ne veuille plus y aller, ou ne se montre pas à la hauteur. Elle partage ses angoisses avec sa meilleure amie.


Cette vieille histoire devient tellement obsédante dans l'esprit de Goeff et par ricochet dans celui de Kate, que cette dernière, profitant d'un moment d’absence de son époux, va aller à la recherche de Katia, en fouillant les affaires archivées au grenier.
Qui était cette jeune femme que son mari a failli épouser avant elle et qui a disparue dans des circonstances tragiques ?
Kate découvre des choses mais va se terrer dans le silence, assourdie par sa découverte qui bouleverse tant de choses, cette information essentielle qu’avait omis de lui raconter son mari, qu'elle n'avait pas imaginé. Or, ce secret remet visiblement beaucoup de choses en cause et rebat les cartes d'une nouvelle façon.


Le thème de la vieillesse est bien entendu omniprésent avec la maladie dont on se remet quand même difficilement. Avec le temps qui est passé, c'est l'heure inévitable des bilans : qu'a t'on fait de sa vie ? L'a t'on raté ? L'a t'on réussi ? Aurait-t'on pu la vivre autrement ? Questions essentielles en filigrane dans ce film, mais jamais évoquées directement par les protagonistes, comme des non-dit, des tabous pesants de plus en plus.


Des éventuels regrets sur l'absence d'enfants, là aussi non dits ajoutent au sentiment de solitude et d'impression pour Kate et Geoff d'avoir raté sans doute quelques chose.


La peur de ne plus plaire à l'autre, maintenant qu'on a vieilli, qu'on est affaiblit s'insinue, tenace dans les esprits et dans les cœurs.


Il y a une pudeur des sentiments dans ce film, une réserve qui éclate au dénouement final, mais n'est-ce-pas trop tard ? Le charme n'est-il pas rompu ?


J'ai trouvé les deux acteurs principaux que sont Charlotte Rampling et Tom Courtenay vraiment très convaincants, même extraordinaires.
La manière d’interpréter et aussi un peu le rôle m'ont fait penser au personnage que joue Charlotte Rampling dans Sous le sable, de François Ozon.
Quant au thème du coupe face à la vieillesse, il m'a fait inévitablement penser à Amour de Haneke.

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le 20 mars 2017

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