Voir le film

Je m'attendais à un mélodrame, je l'ai eu. Et pourtant, je pensais voir pire.


On a droit à tout : la musique appuyant chaque émotion, les parents découvrant le corps sans vie de leur fille, le personnage d'handicapé mental accusé, la peine de mort, le meurtre, la mort naturelle, les criminels se repentant. On a droit à tout, mais on échappe tout de même à d'autres choses : le mélodrame est là, il pointe le gros bout de son nez, mais le réalisateur Mehmet Ada Öztekin aurait pu encore plus tirer sur les violons.


Le scénario, d'une manière générale, est prévisible du début à la fin, excepté peut-être les quinze dernières minutes qui demandent beaucoup d'aide et d'empathie de la part du spectateur pour croire ce qu'il voit. La narration est simpliste, par moment. D'un côté, la justice turque fait peur, même si la réalité est toujours pire que la fiction. De l'autre, le film donne diablement envie de passer un peu de temps en prison avec ces gars-là, ça a l'air fun.


Le jeu de certains acteurs est approximatif, des enfants notamment. Les corps frappés pour du faux, le maquillage et les costumes, tout n'est pas toujours crédible. Oui, dis comme cela, ça fait beaucoup, et ça ne donne pas fort envie.


Malgré tous ces mauvais points, malgré les avertissements, les larmes qu'on essaye de faire couler, par magie, quelque chose se passe. Je ne sais pas où, je ne sais pas comment, mais je pense que ça provient de la justesse, de l'honnêteté et de l'envie de justice qui animent ces humains-là, derrière ce film. Il y a ces gueules de cinéma, se cachant tant bien que mal derrière leurs personnages, Ilker Aksum en tête, dont la fragilité derrière son masque de brute est belle à voir. La musique, la culture et la langue turques apportent également une tonalité différente, dans laquelle j'ai peu l'habitude d'être immergé.


Dans 7 Kogustaki Mucize, on s'interroge sur comment parler du meurtre et de la mort à de jeunes enfants. Dans cette prison, on parle d'anges, de spiritualité. On parle de savoir si nos actions nous mèneront au paradis, ou en enfer, pour ceux qui croient à cet homme dans le ciel et son royaume. On réfléchit au poids de notre vie sur Terre, pour espérer mieux plus tard. Sans pour autant entrer dans les profondeurs effroyables des questions existentielles posées par un film comme Les sentiers de la gloire, ces hommes et femmes turques s'interrogent sur leur vie, sur la question de la vérité, de la bonté, de ce qui doit être fait ou non, et ça a quelque chose de beau.


Alors oui, ce film est un mélo-drame poussif. Mais ce n'est pas ce qui le définit. Avant tout, je le décrirai comme un film juste dans son humanité, incarné par des hommes et des femmes en quête de rédemption, de beauté et de justice.

Cambroa
7
Écrit par

Créée

le 8 oct. 2020

Critique lue 375 fois

2 j'aime

Cambroa

Écrit par

Critique lue 375 fois

2

D'autres avis sur 7 Kogustaki Mucize

7 Kogustaki Mucize
JadenZiBoss
4

Koğuştaki Mucize ou un énième film tire-larmes sans fond

Tout d'abord, je tiens à me dédouaner à l'avance de cette note car j'ai trouvé le film sympa. Mais malheureusement sympa c'est la note que je pourrais attribuer à un blockbuster. Car oui, ce film n'a...

le 31 mars 2020

27 j'aime

8

7 Kogustaki Mucize
MaximilienTiwoof_Wic
9

La ligne verte 2 ?

(J'ai effacé l'ancienne critique pour la re-poster car mes editions n'étaient pas considérée et je ne sais pas pourquoi.) Est-ce un sérieux concurrent? À bien des égards la ressemblance sera...

le 30 mars 2020

17 j'aime

3

7 Kogustaki Mucize
Vakerios
8

Miracle dans votre écran

Il y a des films que vous comprenez... et d'autres que vous ressentez ! Jamais je n'aurais eu autant de frissons et les larmes au yeux en regardant un film ! Ma critique sera brève et modeste :...

le 30 mars 2020

12 j'aime

1

Du même critique

It's A Sin
Cambroa
8

"It was so much fun", c'est ce que les gens oublient

It's A Sin nous embarque dans l'Angleterre des années 80, ravagées par le sida, l'homophobie et la politique de droite de Thatcher. Des jeunes arrivent à Londres, prêts à profiter des joies de la...

le 20 mars 2021

38 j'aime

1

Hamilton
Cambroa
9

Ce rêve bleu, un nouveau monde en couleurs

C'est une captation vidéo d'un spectacle vivant comme je n'en ai jamais vue. Dès les premières secondes, nous sommes happés par l'énergie insensée des comédiens et le rythme tournoyant d'Hamilton...

le 2 août 2020

19 j'aime

Au pan coupé
Cambroa
9

Pourquoi vivre ?

Et comment vivre ? Jean ne le sait pas. Il aime Jeanne, enfin le pense-t-il, et Jeanne l'aime en retour. Il se pose beaucoup de questions. C'est un jeune, dans les années 60, mais cela pourrait être...

le 31 janv. 2021

8 j'aime