Bon que nous réserve ce très "cher" Joel, auteur de certaines des plus foireuses adaptations de comics au cinéma? Un thriller palpitant, au scénario malin, dérangeant, transgressif et implacable? Avec en prime une interprétation magistrale du (encore banquable) Cage? Et bien négatif chers infortunés "spectateurs". Explications:

D'une part, force est de constater que la première partie est plutôt prometteuse (ou plutôt trompeuse). Ambiance poisseuse du milieu underground et investigation vont de pair et parviennent à attirer l'attention grâce une présentation crédible de la première et la révélation d'informations passionnants (et malheureusement avérés) par la seconde. En effet une séquence formidable au FBI met en valeur l'inquiétante proportion de disparitions de mineurs aux Etats-Unis et de manière générale, le milieu même du film "extrême" s'avère plutôt bien retranscrit. Mention spéciale pour la photographie léchée et glauque. On retiendra aussi lors le visionnage d'un passage assez violent d'un faux snuff movie qui est désamorcé avec une certaine pointe d'humour par un Phoenix épatant dans son rôle bien que ce dernier soit tout à fait stéréotypé... Et voilà la sonnette d'alarme qui retentit et la garde qui se lève.

En effet si on peut passer outre la démonstration assez complaisante de ce milieu, étant donné qu'elle est justifiée par le fil scénaristique (bien que le rappel d'un Anneke puisse à juste titre faire douter de son efficacité optimale) on ne peut par contre nullement supporter le revirement insupportable de la seconde partie de l'intrigue. En effet celle-ci sombre dans la démonstration grand guignolesque pour justifier l'authenticité du snuff movie. Et ceci avec l'apparition de plusieurs protagonistes qui non content d'être stéréotypés s'avèrent d'un ridicule sans nom dans leur perversion plus "vilaine que celle du Malin même". La palme revenant à l'artiste de renom aux expressions faciales zombiesques. On ne passera pas également sur l'hypocrisie de la mise en scène. Car certes elle ne transforme pas Cage en héros évangélisateur et cherche même à mettre en valeur sa souffrance face à ses actes "moralement répréhensibles". Mais elle n'en reste pas moins par l'accumulation redondantes de malchances pour notre détective privé d'un manichéisme des plus nauséeux. Ce dernier d'ailleurs sous sa description sous-jacente politiquement correcte (par sa description finalement caricaturale du milieu underground) parvient lentement à justifier une morale douteuse ("mais puisqu'on vous dit que vous introduire chez quelqu'un avec l'intention de le buter est de la légitime défense!")...

Donc au final loin d'être véritablement dérangeant (contrairement par exemple à un straw dog de Peckinpah qui lui assume et justifie sa vision pessimiste et réaliste de l'homme moderne dont il raille la prétendue civilité), cette oeuvre n'est que source d'agacement dont le visionnage est plus que déconseillé.

Gharlienon
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le 10 févr. 2012

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