A mourning story

Le Fantôme de Lowery est bien loin des Conjuring ou encore Poltergeist, non, ici il est bien plus profond et n'a pas pour but d'hanter nos nuits, mais plutôt de soulever la question du temps et de l'amour. Le réalisateur des amants du Texas mettant déjà en scène Casey Affleck et Rooney Mara, a déjà réalisé à l'âge de 7 ans un mini court métrage sur le thème du fantôme.

Apparaissant sous un drap blanc, le fantôme d’un homme rend visite à sa femme en deuil dans la maison de banlieue qu’ils partageaient encore récemment, pour y découvrir que dans ce nouvel état spectral, le temps n’a plus d’emprise sur lui. Condamné à ne plus être que simple spectateur de la vie qui fut la sienne, avec la femme qu’il aime, et qui toutes deux lui échappent inéluctablement, le fantôme se laisse entraîner dans un voyage à travers le temps et la mémoire.

Le film comporte quelques longueurs, voir beaucoup de longueurs, notamment la scène où Mara mange sa tarte ou encore lorsque le fantôme regarde par la fenêtre. Mais ces longueurs apporte ce coté lent et vide que ressent le personnage principal spectateur de tout. Finalement, sur le temps long, le film parvient à imposer son rythme malgré une intrigue basique et un manque cruel de dialogue. C'est bien une oeuvre sensorielle en face de nous qui arrive à poser une atmosphère et – surtout – une dynamique dans cette atmosphère. Le film parvient toujours à amener un nouvel élément dans sa boucle, enrichissant sans cesse l’expérience sensorielle mise en place.

Plein d’éléments débarquent au fur et à mesure sans forcément s'y attendre, que ce soit les monologues, la musique, l'originalité de l'oeuvre. Au final la démarche du réalisateur est assez bluffante à tel point qu'elle nous embarque avec elle et nous absorbe.

L'image est magnifique sur son ton sépia et son cadrage frôle la perfection, ce qui nous pousse à contempler les longueurs (la scène de la tarte). Un talent rappelant quelque peu l'exercice d'un Terrence Malick, sans pour autant le copier.
Ce film entraîne une bonne réflexion sur le deuil, et nous le décrit d'une façon peu courante où le deuil serait plus dur pour le mort que la vivante.

C'est un film qui ne se visionne pas simplement mais se ressent, avec très peu de dialogues et de nombreux plans fixes, "A ghost story" arrivera pourtant parfaitement à capter toute notre attention. À la fois triste et beau, ce film ne laisse pas indifférent !
David Lowery nous présente un cycle paranormal de grande beauté, délaissant les effets-spéciaux du genre fantastique pour le plus simple appareil, offrant ainsi plus de poésie à son récit. Une oeuvre dont on reparlera.