Death Note
Après la vie, l’amour, vient le deuil. Avec l’incroyable A Ghost Story, David Lowery tente de chercher cette petite étincelle d’humanité qui survit après notre mort, à travers la tristesse de...
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le 21 déc. 2017
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Aoutch.
J'écris cette critique à chaud, encore un peu retournée, et bien heureuse de ne pas avoir été spoilée sur le concept du film. Je ne suis pas sûre de pouvoir trouver les mots qu'il faut, mais je me dois d'essayer.
Il est nécessaire de rendre hommage à la simplicité d'un film qui ne lésine pas quant à la puissance de sa portée émotionnelle. Et ce sans pathos d'aucune sorte. Si vous comptiez vous rincer l'œil devant un film d'épouvante, vous pouvez oublier. Nulle peur à ressentir (quoique...), mais bel et bien une plongée abyssale, vertigineuse, dans ce qui est ni plus ni moins que le sens de la vie des hommes, de cette multitude d'individus dont l'Histoire ne retiendra pas le nom. Et même si c'était le cas, la fin de l'Humanité, la destruction de la Terre et l'anéantissement de l'univers dans un futur lointain se chargera d'effacer les miettes de notre présence ici bas.
Ce que raconte A Ghost story va en effet bien plus loin qu'une histoire de deuil conjugal. Le film prend son temps, sublime sa photographie en de longues, très longues séquences de vie, de tendresse, de violence et d'inéluctable. Le jeu sobre, pudique et pourtant impeccablement poignant de Rooney Mara donne le ton, malgré un Casey Affleck que j'ai toujours eu tendance à trouver en demi-teinte permanente. Puis, c'est le basculement. L'horreur lorsque l'on devine où David Lowery veut nous emmener.
A Ghost story fait donc désormais partie, à mes yeux, d'une liste que je ne m'amuserai pas à étendre sur Sens Critique : à savoir la liste des films indispensables, et surtout nécessaires. Il peut et doit sûrement nous enseigner la résignation, et surtout à lâcher prise. Nos crises existentielles, physiques, ne comptent pas. Il n'en restera rien, derrière nous. Seule compte l'essence, les moments d'intimité volés à la société, au reste du monde. Les maisons ne sont que des coquilles bien frêles pour protéger l'Homme du passage du Temps, de la Mort elle-même et de la cruauté d'une Vie qui, sans cesse, reprend le dessus pour faire place aux nouvelles générations.
Tous les témoignages de notre existence présente ne perdureront pas au-delà de quelques décennies suivant notre fin. Et ce n'est pas grave.
L'important, c'est de l'accepter. De ne pas s'accrocher au matériel, qui nous décevra toujours.
La vision particulièrement subtile du surnaturel se conjugue parfaitement aux évidences liées au chagrin, à la perte, à la mortalité.
A Ghost story est foutrement culoté, foutrement ignoble aussi. Mais c'est aussi et probablement bien plus pour tendre la main aux angoissés, un chemin à la Montaigne pour nous guider vers l'apaisement : apprivoiser la Mort, à défaut de pouvoir la combattre.
Une réussite.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Ils s'aiment, ça finit mal et ça fait chier. #spoilers., Un gosse meurt dans ce film., 4.8.15.16.23.42. ou Bonjour, j'ai peur en avion. Et en bagnole. Et en bateau. Et en train, aussi. et Bite me if you can : vampires, lycans, fantômes, démons & et autre bestiaire surnaturel.
Créée
le 24 déc. 2017
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