RETOUR SUR


On avait tout vu comme effet pour représenter les fantômes au cinéma, David Lowery décide de revenir à la base : le drap avec deux trous pour les yeux de notre enfance. Basique, mais tellement efficace.



SUR LE FOND : 8 étoiles



Je parlais de simplicité, en réalité ce n’est qu’une simplicité de surface sur le fond. A Ghost Story raconte la quête d’un fantôme venu « hanter » (pas dans le sens horrifique du terme) sa maison pour accompagner sa compagne dans le deuil.


Ça, c’est la surface. En profondeur, ce film aborde le deuil, mais également la solitude, la mort et ce qui se passe après, il aborde notre existence sur cette Terre et ses raisons, les traces que nous laissons… (bref, tout le discours du prédicateur dans la scène de la fête). En réalité ce film est 42, la réponse à la grande question sur la vie, l’univers et tout le reste (d’après le Guide du voyageur galactique de Douglas Adams) ! Ni plus, ni moins.


Tout cela enrobé de simplicité, surtout dans le traitement des personnages. Ils ont très peu de dialogue, ils n’ont même pas de nom (mis à part M et C) pourtant, ils excellent à exprimer leurs sentiments qu’avec leur gestuelle ou leurs yeux (ou sans d’ailleurs). Casey Affleck (C) arrive à faire passer tellement plus d’émotion avec un drap sur la tête que son frère en costume de Batman, c’est assez fou... Rooney Mara (M) signe une bonne prestation, et ce n’est pas de la tarte ! (ahah) Le personnage du prédicateur (Will Oldham) et son monologue sont aussi très intéressants.



A writer writes a novel, a songwriter writes a song, we do what we can to endure.



Il y a toutefois une incohérence temporelle tout à fait volontaire mais qui est à mon sens, mal amenée ou mal expliquée. Pourquoi cette boucle temporelle ? Pourquoi elle termine lors du saut dans le vide et commence par les pionniers ?


Pour résumer, A Ghost Story est un 2001 : A Space Odyssey plus concret et (attention, ce n’est que mon avis personnel) beaucoup plus touchant.



SUR LA FORME : 8 étoiles



Là encore, de la simplicité. C’est un film minimaliste, cela ne signifie pas qu’il s’agit d’un film fait à l’arrache. Au contraire, il y a une recherche créative sur chaque plan et la beauté du film est justement de ne pas vous l’exposer en pleine face et de rendre tout cela si simple.


David Lowery a joué la carte du film indépendant, accentuée par le format de l’image : du 4/3 avec des bords légèrement incurvés ce qui donne l’impression de regarder des vignettes de vieux projecteurs ou des polaroids. Cette image quasi-carré compresse les personnages dans leurs environnements, ils sont à l’étroit et nous avec. Il y a énormément de plans fixes (simples mais tellement bien cadrés) et plusieurs (très) longs plans-séquences.


Malgré une durée assez courte (1h32), ces techniques donnent une impression de longueur et de lenteur (illustrant évidemment la solitude des personnages, l’expression du temps qui passe etc). La lumière globalement très froide et peu saturée participe à cette atmosphère prenante, tout comme les musiques et les effets sonores de Daniel Hart qui sont sublimes.


Malgré les thèmes « surnaturels » abordés dans le film, peu de gros effets spéciaux sont utilisés. David Lowery joue davantage sur les plans de coupe, donnant une nouvelle fois un côté indé et minimaliste. Il y a toutefois cet effet de fenêtre dans l’hôpital qui m’a laissé perplexe et qui n’est ni réutilisé dans le film, ni même expliqué. Seule fioriture de tout le film, le reste des effets spéciaux (parce qu’il y en a quelque uns évidemment) sont dissimulés sous cette belle couche de simplicité poétique.


Bonus acteur : NON


Malus acteur : NON



NOTE TOTALE : 8 étoiles


Spockyface
8
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le 15 mai 2018

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