Devenir Spectrateur

Comment filmer un fantôme avec un budget ridicule ? En revenant au fondamentaux, la simplicité du drap troué, idée enfantine même du fantôme, à la fois terrifiante mais pour laquelle on ne peut s'empêcher de ressentir une empathie.

Car, pour A Ghost Story, David Lowery n'a disposé que d'un budget de 100.000 dollars tandis que son précédemment film, Pete's Dragon, un "blockbuster Disney" a coûté 65 millions de dollars.

On aborde donc le film avec une vision quasi-documentaire, de par son format façon "8mm" dans un premier temps, et ensuite par sa mise en scène, enchaînant de longs plans fixes et de lents travellings. David Lowery se pose la question de l'après-vie, car le film ne suit pas ici le destin d'un couple brisé ou le deuil d'un personnage mais bien la vision du défunt.
Le film n'a rien de très fantastique, au final, on y voit la plupart du temps des personnages dans des scènes de vie quotidienne plutôt banale.

L'unique scène véritablement spectaculaire prend place en haut d'un immense building, où notre fantôme, comme perdu dans le temps et l'espace observe tristement l'absurdité de notre monde et de l'Homme qui veut détruire pour reconstruire toujours plus grand, toujours plus haut, alors que tout est voué à l'abandon et à la poussière. Cette scène répond très bien à la cruelle, mais réaliste, réflexion philosophique qui la précède.

Le mot de la fin, que le personnage de Rooney Mara écrit sur un bout de papier qu'elle enfouit dans un mur, ne nous sera jamais divulgué. Peut-être que rien n'était écrit, ou au contraire que tout ce qui importe au fantôme y était inscrit.

La fin restera donc un mystère, fidèle à notre propre fin.