Je m'efforcerai de faire une critique sans spoiler, même si pour ce film c'est assez compliqué...


A History of Violence porte bien son nom, toute son intrigue tournant autour de la manifestation de violences enfouies. Les deux antagonistes, que l'on découvre lors du plan-séquence d'introduction, sont autant des brutes gratuitement violentes que des déclencheurs, capable d'animer la furie des autres. Et leur regard se porte par un malheureux hasard sur la famille américaine parfaite, avec un fils particulièrement non-violent et loquace dans sa relation à l'ennemi, au premier abord.


On entre alors dans un thriller psychologique qui joue beaucoup sur le doute du spectateur. On veut croire le personnage principal, foncièrement honnête, mais les antagonistes nous foutent toujours le doute ! Ils ne sont pas violents, mais cherchent juste à faire comprendre quelque chose à la famille comme au spectateur. La jaquette elle-même participe à ce doute, avec Viggo Mortensen à double-face.


Jusqu'à la révélation, je n'ai pas voulu croire que Viggo Mortensen possédait des antécédents dans les gangs, et cette révélation n'en n'a été que plus savoureuse. Moins on en sait en regardant ce film, mieux c'est. C'est comme ça qu'il est le plus surprenant.


Ce thriller ne lésine pas sur les scènes d'actions, dans un rythme très soutenu qui élimine toute forme d'ennui. De plus, Viggo Mortensen était la tête d'affiche idéale pour ce film, en étant à la fois attachant, classe et obscur.


Au-delà de ses airs de film d'action, A History of Violence souhaite plutôt traiter de rédemption, contrairement à ce que le titre évoque. Les scènes de fin évoquent avec clarté une expiation de l'ordre du sacré, avec le lavement dans l'eau du lac, comme on laverait des péchés. Il en va de même avec la scène de repas, silencieuse, qui décrit la notion de pardon.


A History of Violence est finalement le film le moins "Cronenberg" que j'ai pu voir de ce réalisateur. On quitte les univers de science-fiction dégueulasse comme eXistenZ ou le délirant Le Festin Nu pour se retrouver dans un véritable thriller, certes plus conventionnel, mais bougrement efficace et intelligent.

Monsieur_Cintre
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le 20 août 2019

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