Takeshi Kitano délaisse ses films de yakuzas pour un sujet plus touchant, moins dans l'action. Fidèle à son style, Kitano nous livre alors un film extrêmement contemplatif, sensation accrue par la situation du personnage principal, sourd et muet.
Cette invitation à la contemplation est ce qui fait la beauté du film et son authenticité. Les personnages, dont on ne sait rien, sont touchants de par leur amour littéralement indicible mais concrétisé par des jeux de regards énigmatiques.
Cependant, contrairement à d'autres de ses films, comme Hana-bi, nous n'avons pas un scénario intense ou à suspense, ce qui m'a franchement fait sortir du film par moments : la faute incombe malheureusement à l'ennui.
Entre deux plans magnifiques (plans fixes sur la mer, observation proche ou lointaine de nos personnages rêveurs), de longues scènes s'étirent, certainement dans le but d'installer une ambiance méditative. Les scènes défilant, on ne parvient pas à comprendre où est-ce qu'elles nous emmènent.
On tire tout de même de A Scene at the Sea une certaine douceur. Le personnage de Shigeru est courageux, indifférent aux remarques, et finalement assez inspirant. Les musiques d'Hisaishi, parfois clairement inspirées de Satie, font partie intégrante de la délicatesse du film : elles ne font pas que combler l'absence de dialogues, mais ponctuent l'action et suffisent parfois à elles seules à rendre une scène, même banale, captivante.
La mort n'est pas une fin en soi. Et même si la froideur de la mort soudaine de Shigeru parvient à faire un petit pincement au coeur, je n'en saisis pas l'objectif, la portée. Toute la scène finale est très belle, l'évocation de souvenirs sur la musique d'Hisaishi ne laisse pas indifférent, mais j'ai tout de même du mal à comprendre cette mort. J'ai juste peur qu'elle soit un prétexte de conclusion...
Je ne trouve pas que ce soit le film le plus touchant de Kitano. Je reconnais l'audace d'assumer l'absence totale de dialogue, mais c'est en bonne partie ce qui m'a créé cette barrière avec les personnages. Mais rien que pour certains plans dignes de tableaux ou pour la musique, ce film vaut quand même le coup qu'on s'y attarde.
Merci à Arte pour avoir posté le film gratuitement sur Youtube.