Comme Bienvenue à Marwen, même si c'est dans une moindre mesure, ce sont les quinze dernières minutes qui sont fatales à A Star is born. Soudain, la démarche psychologique, les jalons de réflexion sur l'authenticité artistique (d'autant plus intéressants que Lady Gaga n'est pas, au civil ou sur la scène, connue pour son « authenticité »), qui faisaient le sel du film (et l'érigeaient peut-être en meilleure des quatre versions de l'histoire), sont abandonnées au profit d'une antagonisation soudaine et manichéenne, un grand méchant étant seul responsable dans son inattendue brutalité d'un dénouement que l'on pensait ne devoir qu'aux processus mentaux du protagoniste. C'est assurément à cause de ce manque de subtilité, à moins que ce ne soit à cause d'un montage honteusement taillé à la hache (précisément dans les dernières séquences, où les dialogues comme les scènes paraissent toutes coupées, et fort étrangement, comme si le monteur avait tout à coup changé ou s'était rendu compte sur la fin qu'il fallait couper une vingtaine de minutes du métrage sans vouloir toucher au travail déjà effectué sur les séquences précédentes), que l'on ne ressent plus rien dans ce qui aurait dû être le sommet émotionnel d'A Star is born, et que l'on quitte la séance avec des sentiments mitigés quand la bonne facture de l'ensemble aurait au moins dû nous convaincre de sa relative réussite artistique/technique. Pas qu'il était un chef-d'oeuvre avant cela : pour un film musical, il est extraordinairement avare en bons moments musicaux, et vu son intrigue, je m'attendais à être bien plus souvent ému qu'au seul moment où, pour la première fois sur une « vraie » scène, Ally montre l'étendue de son talent vocal. Il n'empêche qu'il y avait dans le jeu des acteurs, dans l'écriture et dans la réalisation, une certaine finesse et une vraie compétence qui ne présageaient certainement pas d'une conclusion aussi maladroite.