Était-ce l'absolue nouveauté des images pour un cinéphile français de 1986 ? Cette narration toujours déconcertante, ces mouvements aériens étonnants lors des nombreuses scènes de combat, ce ludisme léger conjugué à une sorte de sagesse immémoriale (le "zen")? En tout cas, découvrir "A Touch of Zen" en salle avait alors été pour moi une expérience unique, sublime... Marquante, tout simplement. Cela avait été aussi, et c'est capital, une porte qui s'ouvrait sur tout un univers de cinéma qui m'était encore inconnu...
Près de 20 ans plus tard, alors que cet univers du cinéma chinois n'est plus aussi mystérieux pour moi (pour nous ?), il convient de revoir notre enthousiasme légèrement à la baisse. L'ambition de King Hu d'élever une petite histoire assez habituelle de rivalités politiques sur fond de (faux) fantômes chinois en lui rajoutant une "touche de zen" a conduit à un film étrange, indubitablement bâtard, entre cape et épée classique et ballade poétique vaguement déstructurée (voir les étonnantes dernières séquences, délaissant l'espace unique de la forteresse hantée, pour s'élever littéralement vers un autre film...). L'importance historique de "Touch of Zen" est certes indéniable, mais ses qualités sont finalement moins convaincantes que celles de "Raining in the Mountain", qui restera pour moi le vrai chef d’œuvre du génial King Hu. [Critiques écrites en 1986 et 2004]