Par Jean-Sébastien Chauvin

Retour sur les écrans d'A bout de course, Sydney Lumet, 1988. Histoire d’une famille en fuite : quatorze ans auparavant, le père et la mère étaient activistes opposés à la guerre du Vietnam et ont perpétré un attentat à la bombe chez un fabriquant de Napalm. Un gardien, qui ne devait pas se trouver là, y restera à jamais mutilé. Depuis les Pope (c’est leur nom) sont en fuite avec leurs deux garçons. L’un d’eux, Danny, 17 ans, est à l’âge où les désirs personnels viennent se cogner contre le ciment familial.

Borné par deux fuites, le film ressemble à une parenthèse fragile qui menace en permanence de s’effondrer sous le poids de l’anxiété et de la logique de survie. Les scènes de quotidien (la sublime séquence de l’anniversaire où Lumet filme la connivence de toute la famille, et où ce quotidien prend parfois des allures documentaire), le sollicitations charnelles de l’été (les deux adolescents traversant un parc, le soleil caressant les branchages) et bien sûr l’éclosion générale des sens (les premiers émois amoureux, la découverte de ce pour quoi on est fait), Lumet prend bien le temps de les capter, de les inscrire à même la pellicule comme pour souligner ce qui est là, à portée de main, et dont les personnages ne peuvent jamais vraiment avoir la jouissance. De ce point de vue, A bout de course est le plus beau continuateur des Amants de la nuit de Nicholas Ray, autre sublime film de fuite et de quotidien impossible, à ceci près que le film de Lumet met momentanément de côté toute idée de suspense ou de thriller au profit d’un ralentissement, d’une stase où tout devrait être possible (ce qui chez Ray ne venait que par éclat). (...)

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Chro
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le 10 avr. 2014

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