Jean Seberg, ses journaux Herald Tribune sous le bras et Jean-Paul Belmondo, la cigarette à la bouche, devisant gaiement sur les Champs-Élysées : cette scène est peut-être la plus mythique de la "nouvelle vague" du cinéma français. Personnellement, je lui préfère dans ce film la longue scène surréaliste et sensuelle du tête-à-tête des deux amants dans une chambre parisienne. La magnifique photographie de A bout de souffle met en valeur deux jeunes monstres de charme : Belmondo interprète un voyou, fringant et insouciant, qui a la police aux fesses mais qui met toute son énergie à séduire à sa manière Seberg, une petite poupée américaine, désarmante et bien roulée.J'ai crû comprendre que Jean-Luc Godard n'avait pas trop idée du résultat de son film alors qu'il était en train de le tourner. Ça se voit car la forme et le ton sont libres, et même fantasques. Beaucoup trouveront que ce film emblématique est prétentieux et fumiste et c'est un point de vue qui peut tout à fait se comprendre tant les dialogues peuvent paraître décalés, soit artificiellement littéraires soit carrément farfelus, voire les deux. Personnellement, je suis partagé. J'ai aimé l'esthétique du film, le charme des acteurs, le montage taillé à la serpe, l'étrangeté de l'ensemble ... Mais A bout de souffle m'a un peu fait penser à un roman d'Amélie Nothomb (désolé pour la comparaison) qui ne parvient pas à, ou plutôt ne veut pas, construire un scénario plus costaud sur la fantaisie dont elle a le talent. C'est peut être ça aussi l'esprit de la "nouvelle vague" ...