Avec ce premier film, le moins que l’on puisse dire est qu’Adam Smith sort des sentiers battus, tant il est difficile de donner un genre à son long-métrage. Drame social à la Ken Loach ? Polar familial à la James Gray ? Il y a sans doute un peu des deux à la fois. Le film séduit avant tout pour la richesse de son scénario et des thématiques qu’il aborde. Avec cette communauté de gitans au cœur de la Grande-Bretagne rurale, on suit le parcours de protagonistes coupés du monde, qui ne voient leur avenir et leur salut que par le biais de l’illégalité. Le personnage de Chad, tiraillé entre la communauté et la pression du patriarche d’un côté et sa famille, l’éducation de ses enfants de l’autre, est l’archétype de la lutte entre le traditionnel et le moderne.
Celui aussi de l’antihéros qui ne peut pas raccrocher de ses forfaits…
La réalisation d’Adam Smith est nerveuse, l’ambiance anxiogène et on se plaît à suivre ce duel digne des westerns entre le père et le fils. Les scènes d’action et de courses poursuites sont efficaces. La prestation de Brendan Gleeson est remarquable de charisme, il incarne la violence, physique et psychologique, avec brio. En revanche, Michael Fassbender semble plus en difficulté dans le rôle du gitan qui souhaite s’émanciper et peine à convaincre. Dommage aussi qu’un final où l’intime prend plus le pas sur le duel porté pendant l’intégralité du film soit préféré. Finalement, A ceux qui nous ont offensés se perd un peu en route et à l’instar de son protagoniste principal, tourne en rond dans les prairies de Grande-Bretagne.