Le conflit avec le père et le puritanisme sont l'un des grands thèmes du cinéma d'Elia Kazan (voir "La Fièvre dans le Sang", six ans après ce "A l'Est d'Eden" célèbrissime), et en adaptant un roman de Steinbeck, sorte de relecture psychanalytique du thème de Caïn et Abel, Kazan a le coup de génie de choisir comme interprète un obscur acteur de théâtre, James Dean : suivant à la lettre la fameuse méthode de l'Actor's Studio qu'il a fondé, il l'aide à s'appuyer sur sa propre enfance déchirée pour dramatiser la rébellion de son personnage. Le film nous permet d'assister littéralement à la naissance d'un mythe, la transformation d'un "chat de gouttière" en icône, préfiguration déchirante des années à venir, celles des révolutions. "A l'Est d'Eden" est un chef d’œuvre, bouleversant, déchirant. [Critique écrite en 1985]