Le bruit et la fureur.

A une époque où Hollywood jouait encore timidement la carte du cinéma parlant, "A l'ouest, rien de nouveau" avait tout du projet risqué et peu commerciale, adaptation du classique pacifiste de Erich Maria Remarque. Un pari ambitieux pour les Laemmle père et fils, qui, en plus d'obtenir les Oscars du meilleur film et du meilleur réalisateur, allait poser les bases du film de guerre contestataire.

Du roman original, le film de Lewis Milestone (sur lequel bossera également George Cukor) conserve l'essentiel, à savoir l'horreur du front, la franche camaraderie, les petits moments de calme avant la tempête et surtout cet immense sentiment de gâchis devant cette génération sacrifiée par des hommes ne vivant le conflit que de très loin.

D'une beauté formelle sidérante, passant d'une violence inouïe pour l'époque à une émotion à fleur de peau, "A l'ouest, rien de nouveau" reste un classique indémodable, oeuvre magnifique et bouleversante, d'une puissance intact encore aujourd'hui, aussi impressionnante que virulente, se concluant sur une courte séquence aussi poétique que glaçante.

A noter que le film existe en deux versions: la plus connue, parlante (et tournée dans la langue de Shakespeare), la seconde, muette, diffusée à l'époque dans les cinémas ne possédant pas l'équipement sonore nécessaire.