...ou comment être merveilleusement portée vers de sombres cieux
Commençons par ce que j'ai ressenti comme le petit bémol du film, bien que certains n'y verront sans doute rien de gênant: Ben Affleck.
Tout d'abord: pourquoi lui ? Et pourquoi son nom est le premier à apparaitre lors du générique de fin, alors qu'il n'a finalement qu'un rôle très secondaire (il a de l'importance dans la vie de Marina, mais statistiquement il ne dit quoi...que...3-4phrases sur tout le film, donc bon) ?
Ceci étant dit, laissez-moi m'émerveiller pour À la Merveille (pouet pouet). Une 'merveille' somme toute assez paradoxale, ou fugace: les moments de bonheur se mêlant à ceux de tristesse...
Revenant tout juste du film, je n'ai pas envie de vous donner mes impressions sous une forme très construite - je suis encore à moitié dans de profondes méditations - alors en voici quelques bribes:
- la manière dont il a filmé les étendues d'eau m'a assez frappée; d'un coté les eaux grisâtres (comme autour du mont-st-michel), et de l'autre certaines sont capturées avec des couleurs plus naturelles (bleu, et en contraste du vert pour l'herbe) --> faut-il y voir un lien avec le film Stalker de Tarkovsky, puisque je crois me souvenir qu'une telle dichotomie s'y remarque également ?
- c'est d'ailleurs marrant que le début (pas exactement mais bon) du film se passe au bord de cette étendue d'eau, qui n'est pas tout a fait une plage mais qui est bordée par la mer --> beau pont pour enchaîner après la fin de l'arbre de vie !
- merci. Je sais enfin à quoi ressemblent des sables mouvants. D'ailleurs, n'est-il pas un peu paradoxal ou angoissant que ce qui symbolise une sorte de tremplin vers les cieux soit entouré d'un sol si peu fiable ?
- Autant je n'ai pas aimé le personnage-même de Ben Affleck, autant celui interprété par Javier Bardem est une très bonne surprise !
(- Est-ce qu'une relation entre une personne croyante et quelqu'un d'athée qui a l'air assez peu spirituel est vouée à l'échec ?..)
- Wombestic: mot anglais inventé par mes soins pour décrire la manière dont Malick représente les femmes. Womb, (utérus, ventre maternel), parce qu'il apparait clairement que c'est là que Terry situe le centre de gravité féminin. Et -estic, cf 'majestic', parce que ça l'est. Majestueusement gracieux. (j'hésite: wombiose (womb + grandiose) ne sonne-t-il pas mieux ? En plus ça fait penser à symbiose, à osmose, bref, des termes assez cools)
- Même si les autres films de Malick sous-entendaient cette dimension, celui-ci expose clairement le désir et la relation charnelle.
- Et pour contrebalancer avec la figure classique des films de Malick d'une femme gracieuse mais néanmoins assez fragile, j'ai particulièrement aimé le personnage qui joue la soeur de Marina !
- J'ai l'impression que je pourrais commenter chaque scène tellement je les ai trouvées belles (le ciel, les voilages, les gros plans, etc...)
- Sinon, juste comme ça: qui a un écran d'ordinateur aussi propre que celui montré dans le film ?
- Je vais m'arrêter là (mais je ne m'interdis pas d'éditer ma critique un jour où l'autre pour rajouter des points qui me viennent à l'esprit)
EDIT > lu sur le site du parisien : "La déception est énorme à la vision de ce film racontant l’histoire de Neil, un homme déchiré entre deux femmes.". Je suis d'accord pour critiquer Ben Affleck, mais...je n'ai pas du tout saisi l'histoire dans ce sens là. Pour moi tout est centré sur le personnage de Marina. Non ?
En bref, encore un très beau film qui invite à l'introspection.