Terrence Malick n’est pas un réalisateur comme les autres. Né en 1943, il a commencé à faire des long-métrages en 1973 avec La Balade Sauvage. Ce qu’il faut noter, c’est que depuis cette date, il n’a sorti que 4 long-métrages avant A la Merveille. C’est peu, mais il s’inscris dans la liste de réalisateurs qui tournent peu mais qui livrent de très grands films, comme Stanley Kubrick. Mais son travail est reconnaissable et ne plaira pas à tout le monde. C’est un cinéma très subtil, un cinéma d’auteur. De grand auteur.

Avec Tree Of Life, Terrence Malick s’interrogait sur la vie. Il se demandait ce qu’on fout sur Terre et s’interroger sur le sens à donner à notre existence. Ici, le cinéaste des Moissons du Ciel continue dans cette lignée. Il applique cette méthode au plus grand sujet du cinéma : l’amour. A la recherche de ce qui crée ce sentiment. On sait l’amour fragile, instable, tantôt solide et tantôt vacillant. C’est ce que nous montre ce film. Mais attention, Terrence Malick ne cherche pas une solution à ceci. Ca serait trouver quelque chose qui n’existe pas. Il se contente de sublimer ce qui existe et qui peut tellement être beau ou cruel.

Dans ce film, Terrence Malick nous parle aussi de la peur de s’engager. Et pour cela, il décide de confronter de manière magistrale la part d’amour terrestre incrusté dans l’amour divin (côté religieux déjà présent dans Tree Of Life) et réciproquement. Avec cette peur de l’engagement et un amour fragile, instable, tantôt solide et tantôt vacillant, Malick nous fait passer le message d’une exaltation qui finit par une crise. Comme si on prenait un très beau coeur rouge en papier et qu’il s’embrase petit à petit, devenant de plus en plus fragile, pour ne devenir que cendres.

Le beau est un élément constant dans les films de Terrence Malick. Si on peut donner un premier critère à son cinéma, c’est bien celui-là. L’un des plus grands visionnaires du Cinéma se nomme Malick. Une composition sans écaille, tout est parfait dans la photographie. Comme avec Tree Of Life, Terrence Malick va chercher les couleurs de la nature pour coloriser ses images et y entourer ses acteurs. Par exemple, il se sert du soleil pour créer la lumière de son film (un soleil présent physiquement dans beaucoup de plans). Autre exemple, les ouvertures crées dans Tree Of Life (avec notamment ces ballons lâchés dans le ciel) sont absentes dans ce film. L’ouverture cosmique est absente au profit d’une ouverture vers l’infini, à travers les déambulations des personnages. C’est la poésie version Malick.

Et la poésie ne s’arrête pas ici. Terrence Malick prend soin à choisir sa musique. La bande sonore du film (avec des musiques constamment présentes, ou alors ce sont les bruits de la nature) nous offre une mélodie de l’amour brillant de mille feux. Terrence Malick se montre en grand chorégraphe du mouvement. Chaque geste est réfléchi et précis, livrant la vie et les déplacements de ses acteurs comme une danse des plus belles qu’on puisse voir au Cinéma. Il en est de même avec ses mouvements de caméra et son montage.

En effet, que ça soit dans ses merveilleux travellings ou son montage très juste, il s’y traduit un certain lyrisme envoûtant. Terrence Malick prend soin de traduire chaque plan en parcelle de la vie remplie de grâce. Cette vie d’amour qui est comme un cour d’eau, ça s’emballe, puis comme un champ de blé, on s’y perd. Terrence Malick va donc plus loin dans sa recherche commencée avec Tree Of Life. Avec son lyrisme unique, Malick nous force à l’admiration (chorégraphie, photographie, musique, …) et à l’universalité. En parallèle de l’admiration, on a un film qui associe le beau au vrai pour nous parler de ce sentiment si étrange et si indescriptible qui traverse notre corps tout entier.

On pourra tout de même noter les performances des membres du casting. Il paraît pratiquement impossible de ne pas parler des acteurs dans un film de Terrence Malick. Du côté de Ben Affleck, on dit depuis un moment qu’on préfère le voir derrière la caméra que devant. Il faut croire que Terrence Malick a le don de transformer un acteur. A ses côtés, on a une Olga Kurylenko toute magnifique, dans tous les sens du terme. Rien qu’avec ses expressions des yeux, on ne peut qu’être conquis par son jeu et son personnage. Envoûtante. Dans les rôles secondaires, il y a Rachel McAdams, qui commence à avoir une sacrée filmographie (avec notamment Passion de Brian De Palma, il y a un mois). Toujours aussi belle, elle mêle sa grâce naturelle à celle de la caméra de Malick. De plus, il y a Javier Bardem dans un rôle dans lequel on a du mal à s’y attendre : un prête. Il est surprenant dans un rôle d’un homme qui est interdit de ce qu’il désire tenter pour essayer de le rendre heureux.

Finalement, To The Wonder est un film où Terrence Malick fait à l’amour ce qu’il faisait à la vie dans le merveilleux The Tree Of Life (2011). Le cinéaste nous prouve encore qu’il est l’un des maîtres dans la photographie. Avec un lyrisme dans le montage et les mouvements de caméra, il intègre une bande sonore resplendissante. Des acteurs au top de leur forme pour un film qui s’interroge sur l’amour, son instabilité et sa peur de l’engagement, jusqu’aux cendres. Si Terrence Malick a l’intention de continuer sur cette voie, nous pouvons attendre avec impatience son prochain film intitulé Knight of Cups, sur la recherce d’amour et de vérité, avec notamment Christian Bale, Natalie Portman, Michael Fassbender, Cate Blanchett et Matthew McConaughey.

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Auteur : Teddy
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le 10 mars 2013

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