À mon âge je me cache encore pour fumer de Rayhana Obermeyer fait partie de ces films qui marquent profondément dans le cinéma actuel.
Rayhana Obermeyer nous offre une merveilleuse ode à la femme, aux femmes qui laisse bouche bée.
L'esthétisme du film met en avant la beauté et la diversité des corps, de véritables corps de femmes montrés sans fard, des corps en rondeurs, ridés, amaigris, voire brulés...
Le film en huis-clos se construit comme une succession de scènes (j'utilise le terme scène et non séquence car il y a pour moi quelque chose de très théâtral, le film est à l'origine une pièce de théâtre mise en scène par la réalisatrice), ces scènes sont inspirées esthétiquement de tableaux de la Renaissance. Pourtant les propos tenus dans ce hammam d'Alger sont porteurs de tant de révolte. Bien qu'ancré dans une Algérie des années 90 qui se radicalise et où les femmes sont de plus en plus victimes de leur condition, le film raisonne de manière universelle.
Il ne s'agit pas, ici, seulement de femmes arabes, mais de femmes du monde, les dialogues qui s'installent au sein du hammam ont une portée bien plus vaste et posent de nombreuses et profondes questions sur le désir, la sexualité, le plaisir, le rapport au corps et aux hommes, mais aussi et surtout le combat tant pour le respect que pour l'émancipation.
Ce hammam fonctionne comme un lieu de respiration, un lieu de liberté où l'on se réfugie pour être soi même: pour fumer, se protéger d'un mari violent, débattre de sexe ou de religion.
Rayhana Obermeyer fait le choix judicieux de conserver des séquences très théâtrales, comme un hommage à la source du projet mais aussi comme un souffle, qui nous permet de passer du rire au larmes.
Pour finir en beauté le dernier plan est à couper le souffle, il m'a ému aux larmes par son esthétique, sa poésie, sa richesse de sens et son cri de révolte, un cri de femme, les cris des femmes.