Alors que les films français "cuculs la praline" ont la réputation d'être soit trop intello/Nouvellle-vaguein soit justes nuls à souhait, voici qu'À trois on y va nous cueille avec bienveillance et douceur.
Dans une intrigue simple, on suit un triangle amoureux centré sur un couple qui se trompe mutuellement avec la même personne, tout en restant amoureux. Là où le lourd et gras glas du vaudeville guète, près à ranger l'amant dans le placard sous les rires grossiers d'un public de boulevard, le scénario va danser avec les poncifs. Certes nous auront les scènes de cache-cache, certes nous aurons les mensonges et les ironies dramatiques, mais jamais ça tombera dans la grivoiserie des pièces à succès.


Ce film est tendre, bienveillant et calme. Le vrai sujet, n'est ni la tromperie, ni les mensonges ou la culpabilité, non c'est bel et bien l'amour. Alors, oui, dit comme ça, ce n'est pas vendeur... Mais croyez-moi, c'est plus agréable et sensuel que bien des films qui ont voulu s'attaquer au problème... Cette douceur va aussi être retrouvée dans le traitement des sujets:



  • C'est tout bête, mais j'ai rarement retrouvé autant l'atmosphère de Lille dans un film. Dans La vie d'Adèle par exemple, je trouvais celà "carte postale" alors qu'ici, j'ai vraiment la délicieuse sensation d'être revenu dans cette ville que j'aime. Le côté métonymique y est pour beaucoup. Loin des clichés, des monuments déjà-vu, on retrouve des quartiers familiers, des bars où j'ai bu tant de pintes de bières belges.... Aaaaah

  • Sinon, la façon dont est représenté la bisexualité me donne envie de donner un cookie au réalisateur. L'amour homosexuel entre les deux femmes est montré tout aussi naturellement que l'hétérosexualité, sans hiérarchie, sans jugement et surtout sans cliché. Les rapports sexuels sont tous filmés avec la même tendresse, le même désir. Et l'unique moment où le film rappelle qu'elles ont une liaison lesbienne, c'est par l’agression d'un homophobe ivre qui les traite de "gouines" en les interpellants violemment. La réaction de Micha (le seul mec du triangle amoureux) n'est pas de considérer la dénomination "gouines" comme insulte, mais seulement son attitude hostile et vindicative. Bref, c'est délicieux et celà inscrit ce comportement sexuel comme un élément simplement naturel et normal dans l'imaginaire collectif et ça c'est cool.


Bon, alors le film n'est pas exempt de tout défaut et la réalisation (ainsi que l'esthétique générale du film) est rapidement redondante, plate et sans originalité. La caméra se contente de filmer les actions sans trop s'investir. La musique, le son et la photo sont oubliables, sans réel intérêt. On se dira juste que c'est une forme standard et convenu...


Bref, ça reste vachement chouette et on s'emmitoufle dedans avec plaisir.
Bisous

Augustin-Prophè
7

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le 29 mars 2015

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