Une nouvelle fois, Hirokazu aborde le thème de la mort. Il le fait cette fois-ci de manière très simple mais avec un décalage que l'on peut réellement apprécier. En effet, lorsqu'une personne décède, elle doit choisir un seul souvenir avant de rejoindre l'au-delà, et ce, pendant le séjour au pays des limbes. Pour aider les défunts, une sorte de petite entreprise les aide dans leurs choix, dans une vieille bâtisse où le temps semble s'être totalement arrêté.
Hirokazu opte pour une mise en scène sans artifices, d'une sobriété exemplaire, alliant prises filmées caméra à l'épaule et plans fixes. Le plus important pour le cinéaste est de filmer ces gens qui passent par ce point de passage, et à qui on ne demande donc de choisir qu'un seul souvenir. Toute l'oeuvre va se concentrer sur une groupe de défunts et sur le personnel de cette mystérieuse société. Le metteur en scène nippon veut surtout toucher le spectateur par le dévoilement de détails de la vie des personnes décédées, tout en restant humble et en ne sombrant jamais dans une quelconque forme de voyeurisme.
On y rencontre des personnes de tout âge. Dans cette oeuvre, le cinéaste y apporte énormément d'humanité à travers tous ces gens et veut surtout tenter d'exorciser la mort, qui se révèle si effrayante pour beaucoup. Et si au contraire, ce n'était pas la fin mais le début d'autre chose. On peut y apporter aussi une seconde lecture à cette oeuvre qui est très intéressante. La société demande donc aux personnes de ne choisir qu'un seul souvenir. Une fois dit, l'entreprise va recréer ce souvenir avec des décors, des mises en contexte et des acteurs. Bref, le parallèle avec le cinéma existe sans aucun doutes puisque le cinéma ne fait que recréer des choses qui nous semblent parfois réelles.
Cependant, ce dernier point me semble être aussi une forme de défaut du film car le souvenir recréé semble être très facilement accepté par les défunts, hormis un personnage qui s'insurge contre cela, car ce n'est pas pour lui, le souvenir réel. On délaisse un peu ce point à mon sens.
Toutefois, je pense que la volonté de Kore-Eda Hirokazu est de vouloir insuffler énormément de positivisme dans son film et de tenter de balayer tous les aspects négatifs que la mort pourrait avoir, le tout avec beaucoup d'imagination, mais aussi de simplicité. Un beau film.
batman1985
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le 6 mai 2011

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