Cette année j'ai un cours de critique des sources.

Une partie de cette matière concerne la critique des sources audiovisuelles, principalement le cinéma documentaire.
Dans cette critique je vous propose de suivre l'analyse présente dans le cours. Ca vous intéressera peut-être et moi, ça me ferra réviser.

Ca marche ? Allons y Alonso !

Pour mieux comprendre l'origine de l'idée de ce court il vaut mieux voir L'arroseur arrosé des frères Lumières court de moins d'une minute de 1896 que voici :
https://www.youtube.com/watch?v=UlbiNuT7EDI

Pour After Lumière vous le trouvez ici
https://www.youtube.com/watch?v=CVv1zSr_2sw

Il se découpe en 4 parties, 4 épisodes :

1er épisode :

- Pas de présence de son, choix délibéré en référence au cinéma des Lumières. Ce premier épisode retrace l'origine du cinéma donc au travers de sa référence. Il est en noir et blanc pour cette raison. Je précise néanmoins qu'à l'époque le cinéma était muet mais souvent sonore, si les personnages ne parlaient pas, un musicien accompagnait le film. Il jouait soit une partition originale soit celle prévue pour le film. Ca vous explique la présence du piano dans une des salles de la Cinematek belge.
- Une impression de durée, il ne se passe rien avant 45ec. Le but est de nous faire sentir le temps.
- Il n'y a pas de morale, pas de punition pour l'enfant car il est hors-champs. Ce qui change donc de l'original.
- Ici le jardinier n'est pas au centre, tout comme l'enfant. Alors que c'est le cadrage de base au cinéma avant de réfléchir et d'appliquer des règles de la photo, comme celle des tiers. Donc il y a déjà une "avance" sur le temps.
http://apprendre-la-photo.fr/la-composition-et-la-regle-des-tiers/
- La caméra est fixe, objectif 50mm ce qui signifie la vision de l'homme, hauteur regard (pas de plongée, contre-plongée)

2e épisode :

- On a des gros plans, donc on change de valeur d'objectif qui devient supérieure à 50mm.
- On distingue l'apparition de la musique qui est l'équivalent du pianiste dont je parlais et on passe au cinéma sonore avec les bruits de pas et les cris à la fin.
- La caméra bouge, elle n'est plus disposée sur un pied.
- La conception de l'image est différente, on voit la réalité au négatif. On nous montre ainsi la construction et l'envers du décors.

3ème épisode :

- Le son est direct (pris durant le tournage, pas post-synchronisé) : oiseaux, brides de conversation. On a passé un autre stade du cinéma. On entend ce qui se passe en dehors du jardin, il y a du son hors-champ. Cela donne une autre dimension qui ne se contente plus de ce qu'on voit dans le cadre. Le rapport avec le son se complexifie.
- Hommage à la couleur et à son apparition
- Pratiquement pictural : chromatisme rouge. Il s'agit d'une construction artificielle. La couleur n'est pas encore parfaite, le réalisme des couleurs va s'améliorer avec le temps.

4ème épisode :

Le plus expérimental mais le plus intéressant. Ici on va se rendre compte d'une chose nouvelle qui va changer notre vision des choses. La pianiste est également la dame qui joue du piano. Elle quitte son piano pour rejoindre l'homme dans le jardin et revient ensuite jouer du piano.
Le but de cet épisode et globalement celui du film est de nous faire comprendre qu'on a jamais qu'une version de la réalité et qu'il faut au contraire avoir plusieurs points de vue, versions de la réalité pour comprendre un événement.

On a ici une structure en puzzle qui est mise en place sur l'ensemble des épisodes, on a différents points de vues qui se complètent et donnent un sens une fois qu'on les a tous vus.


On peut mettre ce film en rapport avec d'une part l'apparition de la photographie où on voyait là le meilleur moyen pour enregistrer la réalité. Pourtant si on lui donnait un caractère scientifique comme le faisait Emile Zola pour ce qui est de la littérature on essayant d'écrire tel un appareil photo, on s'est rendus compte que l'appareil photo ne prend pas tout. Des espaces ne sont pas photographiés. On peut aussi tricher, l'ajout d'un texte peut modifier totalement notre vision d'une même photo. La vue en plongée nous donne l'impression d'avoir des personnages inférieurs, écrasés alors qu'à l'inverse la contre-plongée magnifie le personnage. On peut également modifier une photo, cela s'est vu sous Staline par exemple qui supprimait Lénine de certaines photos.

Après l'apparition de la photographie on a vu le cinéma qui permettait en prenant un certains nombre d'images à la seconde de capturer le mouvement. Beaucoup y ont vu le vrai capteur de la réalité. C'est l'idée du kino-glaz (cinéma oeil) de Dziga Vertov dont je vous conseille l'homme à la caméra. Pour lui la caméra était un oeil perfectionné totalement objectif si bien utilisé. Pourtant Vertov a recours au montage qui change considérablement les visions.
Le documentaire totalement objectif n'existe pas c'est une utopie ou plutôt une distopie aurais-je tendance à dire tant le charme et l'efficacité d'un documentaire, comme d'une fiction vient du parti pris, de l'intention de son réalisateur et plus largement de son équipe.
cinewater
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le 25 mars 2014

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Ciné Water

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