Et je pese mes mots, j'ai regardé ce film sans aucune idée préconçue, je ne connais pas le travail de la réalisatrice, le choix a été orienté par la présence de Mads Mikkelsen, acteur que j'aime beaucoup mais qui ici fait le taf sans plus, la faute a une assez médiocre direction d'acteurs.
L'intro en Inde m'a d'emblée fait peur: et vas y qu'on en fait des caisses sur la pauvreté des indiens et sur l'homme blanc tant aimé qui doit partir dans son pays d'origine récolter des fonds pour financer la direction de son orphelinat, sur proposition d'un donateur. Très impliqué, Jacob promet (et le film appuiera beaucoup sur ce détail avec une lourdeur pachydermique) de revenir le plus vite possible pour l'anniversaire de son petit protégé. Sauf que rien ne se passera comme prévu.
Décrit comme un homme solitaire, sans famille au Danemark dont la vie ne tourne autour que de ses oeuvres humanitaires, Jacob se retrouve confronté á un passé enfoui dont il ignorait l'existence et qui vont bousculer ces positions.
Le synopsis, tel que je l'ai décrit ci dessus aurait pu être la promesse d'un film au moins honnête. Sauf que rien, strictement rien ne fonctionne, a commencer par l'extrême pauvreté narrative: la réalisatrice se contente d'une litanie de clichés éculés et rétrogrades:
A commencer par la découverte de la paternité, Jacob passe, en 2h de temps, de la version masculine de Mère Theresa a finalement préférer la relation avec sa fille biologique. Sauf que RIEN dans la narration ni les dialogues ne viennent justifier ça, les scènes avec sa fille sont inutilement bavardes, il ne s'y passe rien, et on ne croit pas une seconde au changement de personnalité de cet homme ni a l'attachement subi de la jeune femme. L'idée, tue mais sous jacente est que les liens du sang sont les plus importants, mais rien dans le film ne donne envie de le croire.
Le deuxième élément qui m'a fortement déplu et le rôle du Pater familial/donateur: malade et sur le point de mourir, il fait revenir Jacob a Copenhagen pour que ce dernier assure sa succession. Pour un film fait par une femme, j'ai trouvé cette vision de la famille qui me peut se passer de la présence d'un homme complètement hors de la plaque, voire réactionnaire. Je passe sur les séquences successives de découverte de la dite maladie par les différents membres de la famille, c'est tellement faux, mal joué et lacrymal que ça en devient gênant.
Comme souligné plus haut, les personnages, que ce soit par leur écriture ou leur interprétation, manquent cruellement d'épaisseur. Résultat, ça sonne creux, on y croit pas, ou peu, et les rebondissements, somme toutes multiples, s'enchaînent dans une certaine indifférence. Ils sont pour la plupart attendus, le scénario manquant vraiment d'originalité. Il y a aussi une obsession assez appuyée sur l'argent dans le film, qui aurait pu être intéressante si le parallèle avec l'Inde fonctionnait, sauf que c'est pas vraiment exploité.
Pas du tout convaincue non plus par les mouvements de camera, très Dogma, sans vraiment l'être non plus, où l'on zoome au plus près des visages et de la souffrance, où la camera tourne pour souligner le malaise des personnage. La encore cela aurait pu être une bonne idée mais le rendu est grossier, et n'a suscité chez moi que de l'agacement.
Pour finir, film très très bancal, d'un ennui profond et d'une moralité douteuse. Par pitié, arrêtez les films dit "réalistes" ou les fondements des personnages et leur vie changent du tout au tout en 1 semaine, ou au moins arrêtez de le faire avec aussi peu de justifications.