Après un premier court métrage pour le moins réussi et singulier ( l'étrange Awakening ) Nacho Cerdà réalise en 1994 Aftermath, un film particulièrement éprouvant et dérangeant nous plongeant dans l'Horreur du sixième sous-sol d'une morgue...
D'assez courte durée Aftermath constitue le second volet d'une trilogie ayant pour sujet la Mort et ses retombées. Nacho Cerdà y dresse le portrait d'un médecin légiste d'une terrifiante perversité ( impeccablement incarné par l'acteur Pep Tosar ), exécutant méthodiquement sévices et autres déviances sur divers cadavres. Sur le plan de l'imagerie le film est une réussite complète : à la fois très gore et d'une froideur clinique laissant pratiquement exsangue Aftermath est une expérience redoutable, parfois écoeurante mais toujours maîtrisée.
Accompagné du Requiem de Mozart Nacho Cerdà esthétise énormément l'innommable, livrant un objet remarquablement stylisé et complètement délirant. Il faudrait saluer le superbe travail effectué sur le son et le montage : bruitages nous immergeant au plus près de l'Horreur, nous plaçant presque aux côtés du médecin ; un découpage technique qui met admirablement en valeur le soin chirurgical accordé aux corps. Les images, nettes et soignées, sont paradoxalement moins perturbantes que le réalisme de la bande-son.
Effroyable plongée dans l'esprit tordu et détaché d'un chirurgien nécrophile Aftermath est un court métrage qui fascine et déconcerte, mettant à l'épreuve notre pulsion scopique cinéphile pour mieux nous interroger : peut-on impunément laisser libre cours à notre plaisir de regarder ? Un grand film, extrême, radical et percutant.