Gros gros gros plaisir coupable.
Alors, ça me fait mal de le dire, mais oui, le film qui ressemble le plus à un James Bond d'antan (creepiness & rapeyness bien réduits à - 98%) a été réalisé par le mec qui a fait Arnaques, crime & botanique. Certes, il a aussi fait les 2 Sherlock Holmes avec Jude Law & Robert Downey Jr., que j'avais plutôt appréciés (même si c'était surtout pour les acteurs), mais je ne m'attendais pas à ça.
Et là, de nulle part, un joyau, une pépite, une respiration d'un autre temps parfaitement conservée dans un globe de cristal. Un moustique gorgé de sang de dinosaures, emprisonné dans l'ambre. Voilà. Donc (Never say never again), plus jamais dire qu'on aimera jamais Guy Richie.
Les acteurs (tous au top) y sont pour quelque chose. Armie Hammer est touchant en brute au grand coeur, Alicia Vikander rayonne de charisme et raille tout le monde comme personne tandis qu'Henry Cavill, qui exsude de flegme, a un timing comique impeccable qui n'a rien à envier à Roger Moore. Les seconds rôles sont excellents, avec un faible pour Elizabeth Debicki, en femme fatale plus venimeuse qu'une veuve noire sous cocaïne.
J'adore la nostalgie qui transpire par tous les pore de ce film : du scénario aux costumes, tout est ciselé pour nous rappeler une période qui n'a existé que dans les films et notre imaginaire collectif... Une période glorieuse, où les espions étaient des gentlemen, où le bien commun guidait les décisions des agents secrets et où l'alliance de l'Est et de l'Ouest était la promesse d'une aventure à nulle autre pareille. Une époque où tout est traité cavalièrement, sauf la mode et l'honneur.
Bon, le scénario ne casse pas 3 pattes à un canard, mais je ne le regarde pas vraiment pour ça : est-ce que vous pouvez me raconter dans le détail les scénarios des premiers Bond ? ("Alors c'est un mec heu... il a plus de mains à cause d'un accident, mais il a une île avec un faux dragon et heu... il a fait tuer les agents du MI6 en Jamaïque pendant une partie de Bridge, du coup James Bond contre Dr No").
Sans être une véritable comédie, on sent qu'on vise la référence/pastiche. Un peu comme OSS117, mais sans le niveau d'autodérision. On se rapproche d'Austin Powers sans l'humour égocentrique de Mike Myers, mais dans l'idée qu'on décrit un âge d'or révolu. Et si ça ne peut donc que pâlir face à la comparaison avec deux des plus grands films du cinéma (avec une préférence pour Rio ne répond plus en ce qui me concerne), the man from U.N.C.L.E. reste un divertissement à savourer avec délectation, sans se prendre au sérieux.
P.S. c'est aussi le film qui m'a fait redécouvrir Cry to me de Solomon Burke, et ça... ça n'a pas de prix !