Initialement prévu pour Steven Soderbergh, l’adaptation de la série télévisée The Man from U.N.C.L.E. tombe finalement entre les mains du cinéaste britannique Guy Ritchie après moult péripéties. Un temps, Tom Cruise était même intéressé pour tenir le rôle principal du film. Ces dernières années, Ritchie voue une passion pour les adaptations : après deux films Sherlock Holmes qui ont eu du mal à convaincre sur le plan qualitatif, étant aussi ses films les moins personnels, il prépare aussi une adaptation des aventures du roi Arthur pour son prochain film. Ayant droit à des projets d’envergures, il se perd quelque peu dans des productions de studios où il a parfois du mal à retrouver son style. Donc arrivera-t-il à retrouver sa verve british après deux Sherlock Holmes très américanisés, qui n’ont du cinéaste que l’aspect visuel clipesque ?


Parce qu’il ne faut pas oublier que Guy Ritchie est aussi un scénariste qui a un sens bien à lui du storytelling, parfois grossier et un peu lourd mais très personnel. Ici il renoue donc avec ses premiers amours, se rappropriant quelque peu cette histoire pour la mettre au service de son style. Il signe donc une oeuvre purement britannique, qui cherche constamment le fun, la coolitude et l’humour facile. De là découle donc un certain agacement. À trop vouloir être cool, le film devient vite énervant, réutilisant certains effets à outrance ce qui finit par leur enlever tout intérêt. Surtout que certains de ses effets ont tendance à céder à la facilité et à prendre le spectateur pour un assisté, certains twists sont assez évidents mais il se sent obligé d’y revenir plusieurs fois pour les expliquer sous toutes les coutures. Ce qui fait que l’intrigue est globalement très prévisible voire même déjà-vu dans la caractérisation de ses personnages et l’utilisation de ses rebondissements. Néanmoins il arrive malgré tout à désamorcer ses nombreux clichés avec humour et intelligence. Parvenant ainsi à offrir quelques séquences absolument savoureuses, comme une hilarante et originale course poursuite en bateaux. Par contre l’humour est assez inégal, notamment quand il se sert des dialogues pour faire des doubles sens sexuels trop appuyés, cela devient vite lourd et répétitif car la majeure partie des dialogues se concentre sur cela. Ça marche peut-être une ou deux fois mais clairement pas sur la durée. Mais au final malgré tout ses défauts et une simplicité au niveau de l’intrigue, celle-ci se montre quand même plutôt correcte, cohérente et agréable à suivre.
Le tout est en plus conduit par un casting impeccable mené par un trio d’acteurs convaincant et investi qui joue habilement avec les stéréotypes. Henry Cavill est sur la dérision et offre les meilleurs moments d’humour ; malgré un rôle qui aurait pu être très vite caricatural dans le mauvais sens du terme, il apporte suffisamment de second degré pour éviter l’agacement. Armie Hammer possède quant à lui un rôle plus sérieux et plus torturé mais tout aussi caricatural. Le problème étant que même si l’humour autour de son personnage fonctionne, sa part sombre tend à devenir simpliste et manque cruellement de développement. L’acteur se montre quand même convaincant mais manque légèrement de charisme. Alicia Vinkander est finalement celle qui emporte l’adhésion, elle possède le personnage le plus intéressant et celui qui sort plus facilement des stéréotypes. Elle se révèle comme à son habitude très talentueuse. Dommage que le scénario se sente obligé de créer une romance prévisible et mal amenée, et qui en plus se montre gérée de manière paresseuse, desservant totalement les personnages. Sinon on notera aussi la présence de Hugh Grant en roue libre mais très en forme.
La réalisation est dans la pure tradition de Guy Ritchie, le montage cherche un rythme effréné et arrive parfois à le trouver, même si le film à tendance à confondre rythme et vitesse. Le montage est aussi trop précipité dans les scènes d’actions qui tendront par moments à être illisibles, surtout les rares scènes de combats aux corps à corps. La photographie est très léchée tandis que la sélection musicale est évidente et très cool, un peu à l’image du film. La mise en scène se montre énergique et bien pensée offrant des moments assez tonitruants. Notamment les deux scènes en split screen qui remplacent un peu les ralentis habituels du metteur en scène, lui permettant quelque peu de repenser son style. Il arrive même par moments à créer l’angoisse au détour d’une scène bien amenée et tendue, ainsi que de l’épique avec une scène d’action finale brillamment filmée grâce à des plans aériens dynamiques.


En conclusion The Man from U.N.C.L.E. est un bon film et un divertissement assez exaltant. Même s’il s’impose comme un Guy Ritchie mineur mais en étant un long métrage bien plus personnel par rapport à ce qu’il a fait ses dernières années. En résulte donc un film qui a ses défauts, bien trop lourd et prévisible dans son traitement mais indéniablement énergique et bien troussé. Le casting tient l’ensemble à merveille même s’il ne possède pas une alchimie évidente et certains défauts de rythme et d’écriture tendent à rendre l’ensemble simpliste et un tantinet didactique. Malgré tout on passe un moment fun et indéniablement très cool, parfois même trop, mais on se prend au jeu avec un certain plaisir.


Critique sur Cineseries-mag.fr

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le 19 sept. 2015

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