Un titre d'une farouche ironie
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Au 4eme siècle après JC, à Alexandrie, alors que les guerres de religion font rage avec un christianisme en plein essor, Hypatie est au cœur d'une découverte révolutionnaire, la Terre serait sur une orbite Elliptique autour du Soleil ! Cette théorie Héliocentriste est en opposition au modèle Géocentriste de Ptolémée qui plaçait la Terre au centre de l'univers. La science est guidée par la logique et la connaissance, et non les croyances et les religions, sources de conflits stériles et d'obscurantisme, et c'est cette vision qu’Hypatie, une philosophe agnostique dirigeant l'école platonicienne, défendra jusqu'à son dernier souffle.
Rachel Weisz et Oscar Isaac (Oreste) nous offrent une prestation théâtrale au sens antique du terme, à la hauteur du sujet, arborant la toge comme s'ils étaient nés avec, ils ont l'élégance et l'emphase qui conviennent à cette période. Dans un récit digne des plus grandes tragédies classiques, Hypatie est tiraillée entre sa passion pour les sciences et ses deux soupirants, Oreste le disciple et Davus l'esclave. A l'instar de Michael Lonsdale, incarnant Théon, gardien stoïque et impassible de la Bibliothèque d'Alexandrie, le spectateur observe, incrédule, cette plèbe tumultueuse et belliqueuse, encline à s'autodétruire au nom des croyances.
Agora nous plonge au cœur d'une Alexandrie sous domination romaine, au milieu de superbes décors en CGI et prises de vue réelles, reconstituant le temple du Serapeum, le théâtre gréco-romain, dont il reste quelques vestiges aujourd'hui, et des édifices réinventés au croisement de ces civilisations, mêlant statues grecques, romaines et égyptiennes. On aperçoit également le légendaire Phare d'Alexandrie, une des plus hautes constructions d'alors, dominant le port et la Méditerranée, témoin d'une époque où cette ville se positionnait en rivale de Rome et d’Athènes. Tout au long du film, le spectateur se perdra ainsi au milieu de la foule et du sable, le réalisateur nous installant en immersion totale dans l'Agora, le centre de cette ville en ébullition où tous les courants, scientifiques, artistiques, politiques et religieux, se confrontent.
Dans un plan final, la caméra d'Alejandro Amenabar (Vanilla Sky, Les Autres) s'éloignera de ces superbes constructions antiques et des hommes, réduits à la dimension de fourmis, pour une vision plus large de notre globe terrestre puis de l'immensité spatiale, se posant ainsi en hommage au courage d’Hypatie dans sa recherche vers la connaissance de l'univers...
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Créée
le 29 déc. 2020
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