Tourné en plein cœur de la forêt amazonienne, par un poète cultivant son déracinement, ce film porté par un bel élan romantique est caractéristique du renouveau du cinéma allemand des années 70.Quête du graal ? Variation sur le thème nietzschéen de la volonté de puissance ? Allégorie du 3 eme Reich ? Aguirre se prête à de multiples interprétations, dont aucune n’est vraiment satisfaisante.Abollissant les parti pris narratifs des films d’aventures traditionnels, l’auteur s’abandonne à la splendeur d’une sorte de symbolisme naturaliste. A la limite, l’histoire- ou la légende- de ces conquérants perdus se confond avec le projet du cinéaste, clamant son rêve de jungle fièvreuse.Certes , le problème est posé de la prise du pouvoir politique et de ses abus, à travers les méandres d’une fiction d’ailleurs ambiguë : la fascination/répulsion qu’exerce Aguirre sur ses troupes a quelque chose de malsain, qui n’est pas explicité – Kinski, en acteur habité y ajoutant son quotient personnel de perversité. Cinéaste des marginaux, des aigris et des désespérés, fleurant avec l’émergence d’un courant qui se rapproche par moment du néo-expressionniste, Herzog semble néanmoins figer , à la longue, son propos dans un glacis formaliste qui ne débouche sur aucun estuaire…
STEINER
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le 19 mars 2015

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STEINER

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