Au XVIème siècle, la chrétienté espagnole est en croisade en Amérique. Le conquistador Gonzalo Pizarro organise une expédition à travers les méandres de la forêt péruvienne aux confins de la Cordillère des Andes. Dans cette immensité sauvage vierge de toute civilisation, le cinéaste allemand Werner Herzog filme en prologue du film, un cortège d'un millier d'hommes serpentant comme une procession, le long d'un corridor rocheux, symbole de la toute puissance de la nature. Cette même nature engloutira l'expédition dans ses entrailles végétales et fera de la canopée, leur tombeau. Ces hommes avides de richesse et de pouvoir sont venus chercher un mythe ; la légendaire cité d'Eldorado, berceau de l'or des Incas. S'enfonçant de plus en plus loin dans la forêt amazonienne, l'espoir va peu à peu céder la place au doute à la peur et à la folie. La cupidité de Lope de Aguirre (Klaus Kinsky) en particulier, transformera cette aventure en voyage au bout de l'enfer. Les deux frères ennemis, Herzog derrière la caméra, Kinsky devant et la magie du cinéma fera le reste. Cette patine quasi-documentaire à la narration absolument nécessaire sert un récit mythologique aux relents d'horreur qui prend corps dans le regard fou et terrifiant de Klaus Kinsky. «Aguirre..» est sans nul doute, l'une des plus traumatisantes épopées que le 7ème art nous a donné de voir.